The Big Short, saison 2 ?

Michael Burry © Astrid Stawiarz / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / Getty Images via AFP
Pierre-Henri Thomas
Pierre-Henri Thomas Journaliste

The Big Short, c’est le titre d’un film qui retrace un des plus grands paris financiers de l’histoire récente: celui pris par le docteur Michael Burry et de son fonds d’investissement Scion Asset Management, qui avaient flairé avant tout le monde l’effondrement qui a commencé en 2007 des prêts subprimes et des actifs liés à l’immobilier américain.

Michael Burry, incarné à l’écran par Christian Bale, avait  compris dès 2005-2006 que les prêts immobiliers subprime (accordés à des ménages peu solvables) étaient potentiellement toxiques, et allaient contaminer une série de produits financiers (les Collateralized Debt Obligations) qui étaient notés AAA alors qu’ils étaient très risqués.

Avec l’aide de Goldman Sachs, il avait donc acheté des masses de credit default swaps ( des assurances contre une baisse de ces CDO’s) pour bénéficier de la chute de ces crédits pourris. Son fonds d’investissement, Scion Capital, avait finalement empoché entre 50 et 100 fois la mise et avait réalisé un gain estimé à 800 millions de dollars sur ce qui a été une des opérations les plus rentables de l‘histoire financière récente.

Un nouveau pari

Pourquoi rappeler cet épisode ? Parce que Michael Burry se rappelle à notre souvenir et remet le couvert. Voici quelques jours, il a annoncé qu’il avait pris un vaste pari contre la bulle de l’intelligence artificielle, ciblant notamment des sociétés comme Nvidia ou Palantir. Il aurait pris des positions vendeuse pour plus d’un milliard de dollars. Cela ne signifie pas qu’il a investi un milliard, mais qu’il a acheté des options de vente sur des actions représentant une valeur notionnelle de 1,1 milliard de dollars. Il a acheté ces options une dizaine de millions de dollars.

Le pari de Michael Bury est donc qu’il y a une bulle, et qu’elle éclatera bientôt. Deux grands signes le mènent vers ce constat. Primo, les valorisations délirantes. Palantir se traite en bourse entre 400 et 500 ses bénéfices actuels. Et Nvidia se négocie à près de 30 fois son chiffre d’affaires.

Mais il y a aussi des toxines cachées dans ces valeurs : les géants de la tech, Meta, Oracle, OpenAI, …  brûlent des centaines de milliards de dollars en unités de calcul, mais sous-estiment les coûts de dépréciation du matériel de plus de 150 milliards de dollars, des coûts qui sont cachés dans leurs résultats financiers. Les géants de la tech déprécient en effet leurs investissements sur 10 ans sur des cartes graphiques et des puces dont la durée de vie n’excède pas 36 mois. Sur cette seule année 2025, les géants de l’intelligence artificielle ont investi dans ces centres de calculs 200 milliards de dollars.

Pourquoi Scion ferme ses portes ?

Mais pourquoi alors, après avoir pris ces positions spéculatives dans le courant du mois de septembre, Michael Burry annonce-t-il la fermeture de son fonds ? Aurait-il raté son pari ? C’est vrai que si Burry a gagné énormément en 2008, il a aussi pris des positions, contre Tesla notamment en 2021, qui se sont révélées perdantes. Toutefois, on l’a vu, l’investissement spéculatif de Burry se limite à une dizaine de millions de dollars, pour un gain espéré de plusieurs centaines  (en gros, il table sur le fait que le cours de Palantir, son plus grand pari, passera de 180 à moins de 50 dollars). Perdre dix millions de dollars n’est pas agréable, mais cela ne devrait pas normalement mener à fermer les portes de Scion Asset Management.

Dès lors, certains estiment que Burry désire plutôt se réorienter vers un family office, garder ces positions vendeuses à titre personnel, en pouvant les cacher désormais puisqu’il ne sera plus obligé de les faire connaître aux autorités boursières. En 2008, les bénéfices du pari contre les subprimes avaient été en grande partie redirigés vers les clients de Scion, Burry n’empochant personnellement que 100 millions de dollars.  

Si jamais les marchés lui donnaient raison ces prochains mois, nous pourrions alors avoir droit à la saison 2 du « Big Short », mais avec cette fois un plein jackpot pour Michael Burry.

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