Taylor Swift, nouvelle ambassadrice de Kamala Harris

Deepfakes - La chanteuse ­Taylor Swift a fait l’objet ces dernières semaines de fausses vidéos la représentant.
Frederic Brebant Journaliste Trends-Tendances  

A l’issue du débat entre Donald Trump et Kamala Harris, la chanteuse Tayor Swift a clairement marqué son soutien à la candidate démocrate. La star américaine peut-elle vraiment faire basculer l’élection présidentielle?

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Réponse avec Nicolas Baygert, professeur en communication politique à l’Ihecs, l’ULB et  Sciences Po Paris.

Que vous inspire le choix de Taylor Swift de se positionner enfin dans la campagne américaine?

Nicolas Baygert: C’est une habitude bien ancrée aux Etats-Unis. On se rappelle que, en 2016, la candidate démocrate Hillary Clinton avait aussi été chercher le soutien de toute une série de personnalités du «star system» comme Beyoncé, Jay-Z, etc. Aujourd’hui, c’est au tour de Taylor Swift. Elle a clairement décidé de rentrer dans la bagarre politique, de choisir un camp et cela peut avoir un impact sur sa fanbase qu’on appelle les «Swifties». Jusqu’ici, son «apolitisme» la préservait quelque peu. Certains républicains pouvaient même espérer que, dans le fait de ne pas s’investir et de ne pas choisir de supporter clairement Kamala Harris, le silence de la chanteuse soit perçu jusqu’ici comme un signe de soutien à Donald Trump. D’ailleurs, Taylor Swift elle-même vient d’un univers qui est plutôt associé à la musique country, donc à un électorat, je dirais trumpien, donc blanc républicain. Il pouvait y avoir une ambiguïté, en tout cas sur ses accointances et son identité politique…

Aujourd’hui, l’ambiguïté est levée!

Oui, c’est terminé. Sa prise de position est claire et cela a un rôle symbolique car Taylor Swift est perçue par ses fans comme une leader d’opinion. Cela dit, l’impact d’un tel engagement est peu mesurable. Il faut dire que cela peut avoir aussi un effet contre-productif dans la mesure où toute une partie de l’électorat américain développe une forme de défiance par rapport aux élites, y compris les élites du monde du spectacle et de la culture. N’oublions pas que la fanbase de  la chanteuse est elle-même divisée puisqu’on a vu émerger, durant cette campagne, une communauté de fans qui s’est elle-même baptisée les « Swifties for Trump ».

Le soutien de Taylor Swift n’arrive-t-il pas à un mauvais moment, juste après un débat où Kamala Harris s’en est bien sortie? Cela pourrait faire paradoxalement de l’ombre à la candidate démocrate…

C’est une question intéressante puisque, sur les réseaux sociaux notamment, on va essentiellement retenir le ralliement de Taylor Swift au camp démocrate et pas la prestation de Kamala Harris. D’un autre côté, je ne suis pas certain que ça fasse vraiment de l’ombre à la candidate démocrate dans la mesure où la prise de position de la c hanteuse est une porte d’entrée vers un électorat qui n’est pas forcément conscientisé et qui ne va pas forcément suivre les commentaires post-débat comme les journalistes et les analystes ont l’habitude de le faire. Ici, Taylor Swift envoie un message clair à des communautés de potentiels électeurs qui ne sont pas forcément très politisés ou au fait du «talking point» de la campagne telle qu’il est aujourd’hui. Donc, cela peut avoir un impact, mais qui, je le rappelle, est difficilement mesurable.

L’intelligence artificielle est présente dans la plupart des secteurs, ou presque, avec ses partisans et ses détracteurs, mais quel est son impact?

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