La taxe sur les plus hauts patrimoines, dite taxe Zucman, continue d’attiser la colère des patrons français: le milliardaire Bernard Arnault a attaqué son promoteur samedi qualifié de “pseudo universitaire” et de “militant d’extrême gauche”.
Après plusieurs dirigeants, Bernard Arnault, le patron du numéro un mondial du luxe LVMH, a lui aussi critiqué cette taxe, au centre du débat politique depuis plusieurs jours.
Dans une déclaration au Sunday Times, Bernard Arnault a affirmé que la proposition de l’économiste Gabriel Zucman relevait « d’une volonté clairement formulée de mettre à terre l’économie française ».
Selon lui, Zucman « met au service de son idéologie (qui vise la destruction de l’économie libérale, la seule qui fonctionne pour le bien de tous) une pseudo compétence universitaire qui elle-même fait largement débat ».
Une réponse politique immédiate
Sur X, le premier secrétaire du Parti socialiste Olivier Faure a répliqué : « Ce qui détruit notre économie et plus encore notre société, c’est l’absence de toute forme de patriotisme de la part des ultra-riches qui mendient l’aide de l’État mais ne se plient à aucune forme de solidarité. »
Une taxe ciblant 1.800 foyers
La taxe Zucman prévoit un prélèvement annuel de 2 % sur les patrimoines supérieurs à 100 millions d’euros, concernant environ 1.800 foyers fiscaux. L’économiste estime qu’elle pourrait rapporter 20 milliards d’euros, même si certains experts jugent ce chiffre surestimé. Soutenue par la gauche comme un outil de réduction du déficit, la mesure est rejetée par le centre, la droite et l’extrême droite.
Arnault rappelle ses contributions fiscales
Le milliardaire met en avant le poids de ses impôts : « Je suis certainement le tout premier contribuable à titre personnel et l’un des plus importants à travers les sociétés que je dirige. »
Sa fortune est estimée à 154 milliards de dollars (Forbes, septembre 2025), ce qui en fait la 7ᵉ au monde et la première en France.
En 2024, LVMH (75 marques dont Louis Vuitton, Dior, Moët & Chandon, Hennessy, Chaumet) a réalisé 84 milliards d’euros de chiffre d’affaires pour 12,55 milliards de bénéfices. Selon Arnault, le groupe aurait versé près de 15 milliards d’euros d’impôt sur les sociétés en dix ans en France.
Un rejet massif du patronat
Les organisations patronales dénoncent unanimement la taxe :
- Medef : « frein à l’investissement » et intégration de l’outil de travail dans le calcul du patrimoine, contrairement à l’ISF.
- Nicolas Dufourcq (BpiFrance) : « une histoire de jalousie à la française ».
- Amir Reza-Tofighi (CPME) : « une taxation suicidaire pour notre économie et donc une ligne rouge absolue ».
Certains patrons se montrent plus nuancés, comme Pascal Demurger (Maif, Impact France) : « Je dis oui à une taxe, c’est clair. Sur la taxe Zucman telle qu’elle est proposée, il y a peut-être des ajustements à faire, des discussions à avoir. »