Taxation des voitures électriques chinoises: entre opposition et inquiétudes
Pékin a déclaré “s’opposer fermement” au projet de l’Union européenne d’ajouter des taxes supplémentaires sur les voitures électriques chinoises, a indiqué vendredi un média d’Etat.
“La Chine s’oppose fermement aux pratiques protectionnistes injustes, non conformes et déraisonnables de l’UE dans ce cas et s’oppose fermement à l’imposition par l’UE de droits anti-subventions sur les véhicules électriques chinois”, a affirmé le ministère chinois du Commerce.
Le ministère a pressé les pays de l’UE de “revenir sur la bonne voie” en résolvant les tensions commerciales par le dialogue, et a averti qu’il “préserver(ait) les intérêts des entreprises chinoises”.
La Chambre de commerce chinoise auprès de l’UE (CCCEU) a quant à elle dénoncé vendredi “des mesures protectionnistes” de Bruxelles à la suite du vote. La CCCEU “exprime une profonde déception face à ce résultat” et encourage “vivement” l’Union européenne “à retarder la mise en oeuvre des droits de douane et à privilégier la résolution des différends et des tensions commerciales à travers le dialogue”, dans un communiqué.
De son côté, le géant chinois de l’automobile Geely a estimé vendredi que “cette décision (…) risque d’entraver les relations économiques et commerciales entre l’UE et la Chine”.
Inquiétudes allemandes
Les pays membres de l’UE ont confirmé lors d’un vote vendredi l’imposition de droits de douane sur les voitures électriques importées de Chine, malgré l’opposition des Allemands qui redoutent une guerre commerciale avec Pékin.
La Commission européenne a désormais les mains libres pour ajouter aux 10% de taxe déjà en place une surtaxe allant jusqu’à 35% sur les véhicules à batterie de fabrication chinoise. Ces droits compensateurs doivent entrer en vigueur fin octobre.
Dans le détail, les taxes supplémentaires s’élèveront à 7,8% pour Tesla, 17% pour BYD, 18,8% pour Geely et 35,3% pour SAIC, selon un document final transmis aux pays membres le 27 septembre.
L’objectif affiché est de rétablir des conditions de concurrence équitables avec des constructeurs accusés de profiter de subventions publiques massives. Il s’agit de défendre la filière automobile européenne et ses quelque 14 millions d’emplois contre des pratiques jugées déloyales identifiées au cours d’une longue enquête de la Commission.
Le secteur automobile allemand inquiet
L’association allemande de l’industrie automobile (VDA) craint que l’augmentation des taxes à l’importation sur les voitures électriques chinoises au sein de l’Union européenne n’entraîne un conflit commercial avec la Chine.
Selon Hildegard Müller, présidente de la VDA, ces taxes constituent “un nouveau pas en arrière en termes de coopération internationale”. Mme Müller a également souligné que les dommages potentiellement causés par cette taxation, tels que des contre-mesures à l’encontre des constructeurs automobiles européens, pourraient l’emporter sur ses avantages.
La Chine représente en effet un marché très important pour les constructeurs automobiles allemands. Selon la VDA, l’Allemagne a exporté plus de 26 milliards d’euros de véhicules et de pièces détachées vers la Chine l’année dernière.
Volkswagen, BMW et Mercedes ont ainsi réagi face à l’imposition de droits de douane sur les voitures électriques importées de Chine. Volkswagen a notamment affirmé que cette taxation n’était pas la bonne approche et ne contribuerait pas à renforcer la compétitivité de l’industrie automobile européenne. Le constructeur BMW a quant à lui déclaré qu’un conflit commercial avec la Chine ne ferait que des perdants et qu’une solution devait être trouvée rapidement.
Enfin, Mercedes a qualifié les taxations supplémentaires d'”erreur” et craint un impact négatif à long terme sur l’industrie automobile allemande. “Le libre-échange et la concurrence loyale sont essentiels à la prospérité, à la croissance et à l’innovation”, a déclaré le constructeur.
Le gouvernement allemand, qui a voté contre ces nouveaux droits de douane vendredi, a également mis en garde face à une potentielle guerre commerciale avec la Chine. “Il est nécessaire de trouver une solution négociée”, a déclaré le ministre allemand des Finances sur X.