Tanguy Struye: “Un Donald Trump plus dangereux, du pain béni pour les régimes autoritaires”

Risques – Chaque données concernant l’inflation restera épiée par les marchés, notamment une possible victoire à l’élection présidentielle de Donald Trump, dont le programme « est de nature inflationniste ».
Olivier Mouton
Olivier Mouton Chef news

Le professeur de l’UCLouvain met en avant les risques d’un retour du candidat républicain à la Maison Blanche, tant sur la scène intérieure qu’en politique internationale. Il constate: “L’Europe n’est pas prête”.

Tanguy Struye, professeur à l’UCLouvain et spécialiste des Etats-Unis, est fataliste: “Je ne vois pas comment Kamala Harris peut refaire son retard. On est parti pour quatre ans de Trump”. Une mauvaise nouvelle, selon lui.

A quoi doit-on s’attendre?

On doit se préparer à une nouvelle période Trump qui sera probablement plus compliquée. Il est plus radical qu’avant et certains personnes de son entourage sont très dangereuses, émanant de l’extrême droite ou portant des théories complotistes. Ce sera davantage une approche à la Orban, pour prendre une comparaison européenne. Ce sera un président avec des penchants populistes, tant sur la scène intérieure qu’en politique internationale.

Ce sera America First?

Clairement. La première chose à laquelle il s’attaquera sur le plan intérieur, c’est l’immigration. Il a évoqué une “déportation massive” d’immigrés, mais cela sera tout sauf simple car cela concerne 13 à 14 millions de personnes qu’il faudra trouver, mettre quelque part avant de les expulser. En outre, ce sont des gens qui contribuent à l’économie américaine en travaillant là où les Américains ne veulent plus travailler: l’agriculture, les restaurants…

Donald Trump voudra également s’attaquer au système judiciaire, qu’il entend politiser, et aux médias. Son élection lui permet d’éviter la case “prison” et il aura une volonté de revanche.

Le point potentiellement positif, c’est qu’il voudra réduire les régulations sur le plan économique, mais cela risque aussi d’avoir un impact sur le plan climatique. De façon générale se pose la question de savoir s’il pourra accomplir ses promesses, car il a rarement expliqué comment il comptait faire.

Sur le plan international, il sera isolationniste?

Oui, isolationniste, et les relations avec de nombreux Etats seront compliquées car il est déterminé à augmenter les tarifs douaniers. Cela suscitera des tensions avec le Mexique, l’Europe, la Chine… Avec le risque d’avoir en retour des mesures de rétorsion. Tout cela sera mauvais pour l’économie mondiale et l’inflation.

En ce qui concerne l’Ukraine, il a annoncé qu’il règlerait ce conflit en vingt-quatre heures et ce ne sera pas favorable aux Ukrainiens. Face à cela, l’Europe n’est pas prête.

C’est un sérieux wake up call?

Oui, mais nous ne sommes pas prêts. J’entends certains experts, flamands notamment, dire que cela sera pour nous une thérapie de choc. Mais franchement, on se demande combien de thérapies de chocs nous auront besoin.

Nous voyons déjà qu’un certain nombre de politiques défendant l’Ukraine font volte-face. L’Europe n’est pas prête à prendre le relais des Etats-Unis et le risque est grand de la voir lâcher l’Ukraine. C’est de la realpolitik qui risque de nous coûter cher.

Une victoire de Trump donnera des ailes aux nationalistes?

Cela va renforcer ces replis nationalistes qui vont rendre plus difficile la politique européenne, c’est évident. Cette victoire de Trump, par ailleurs, sera du pain béni pour les régimes autoritaires dans le monde.

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