Succession du pape François: l’Eglise retient son souffle avant le début d’un conclave très ouvert

Quelle direction pour l’Eglise catholique? A Rome et dans le monde, des millions de fidèles retiennent leur souffle avant l’ouverture mercredi d’un conclave à l’issue très incertaine, lors duquel 133 cardinaux parmi lesquels deux Belges – Mgr Jozef De Kesel et Mgr Dominique Mathieu – éliront le successeur du pape François.
Participeront au conclave un nombre record de 133 cardinaux électeurs – ceux âgés de moins de 80 ans -, qui s’attèleront dès mercredi à la lourde tâche d’élire le successeur du pape François, décédé le 21 avril à 88 ans. Un pape “révolutionnaire” pour certains, dont le pontificat fut, pendant douze ans, marqué par une très grande popularité mais aussi une farouche opposition interne.
Artisan d’une profonde réforme de l’institution deux fois millénaire, le jésuite argentin a nommé quelque 80% des électeurs, notamment dans des pays marginalisés par l’Eglise ou éloignés de l’Europe. Conséquence de ce remodelage: avec 70 pays des cinq continents représentés, un record, ce conclave s’annonce déjà comme le plus international de l’Histoire, mais aussi parmi les plus ouverts.
Des Italiens Pietro Parolin et Pierbattista Pizzaballa au Maltais Mario Grech en passant par l’archevêque de Marseille Jean-Marc Aveline ou le Philippin Luis Antonio Tagle, plusieurs noms ont émergé parmi les “papabili”, considérés comme favoris.
Mais, à l’image de l’élection de Jorge Bergoglio en 2013, “une surprise” est aussi possible, prévient auprès de l’AFP le vaticaniste italien Marco Politi, qui évoque “le conclave le plus spectaculaire des cinquante dernières années”.
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“Qui entre pape au conclave en ressort cardinal”
Une mise en garde rappelant un dicton célèbre à Rome: “Qui entre pape au conclave en ressort cardinal”. Les jours suivants, coupés du monde, les cardinaux voteront quatre fois par jour – deux fois le matin, deux l’après-midi – à bulletins secrets, qui seront ensuite brûlés dans un poêle.
Le monde aura alors les yeux rivés sur la cheminée métallique perçant le toit de la chapelle, d’où émanera, tous les deux tours de scrutins, une fumée blanche en cas d’élection, ou noire si la majorité des deux tiers – 89 voix – n’est pas atteinte. Violences sexuelles, crise des vocations, place des femmes… Nombreux sont les défis attendant le 267e pape, à la fois chef d’Etat et boussole morale dans un monde en proie à des conflits majeurs et marqué par la montée des gouvernements populistes, le développement de l’intelligence artificielle et la crise écologique.
Paris en ligne
Couvert par quelque 5.000 journalistes, ce conclave suscite un intérêt inédit dans le monde, bien au-delà des sphères religieuses, à l’image des millions d’euros de paris sur l’identité du prochain pape, du succès des jeux en ligne ou des records du film américano-britannique Conclave, avec Ralph Fiennes, sorti en 2024.
Pour le cardinal Jean-Paul Vesco, archevêque d’Alger, la ligne de fracture entre cardinaux “n’est ni Nord-Sud, ni fonction des périphéries”, mais s’articule plutôt entre “ceux qui jugent nécessaire de recadrer les choses et d’autres qui appellent à poursuivre le chantier”, a-t-il confié à l’AFP.
Face aux profondes divisions traversant l’Eglise, “on peut dire ironiquement qu’il y a le choix entre un pape qui freine et un pape qui avance très lentement. Car on le sait, il n’y aura pas de François II”, prédit Marco Politi. Devant les profondes divisions que traverse l’Eglise, le prochain pape devra être une figure de “consensus” capable de “raccommoder” les différents courants à travers davantage de collégialité, estime-t-il.