Les États-Unis sont entrés mercredi en situation de “shutdown”, avec l’expiration officielle à minuit (06h00 HB) du budget du gouvernement, signifiant la mise à l’arrêt d’une partie de l’administration fédérale.
Plusieurs centaines de milliers de fonctionnaires vont être mis au chômage technique et de fortes perturbations sont attendues pour les usagers des services publics dans l’attente d’une résolution à l’impasse actuelle au Congrès entre les républicains de Donald Trump et l’opposition démocrate.
Il s’agit d’une situation très impopulaire aux États-Unis, inédite depuis sept ans, et pour laquelle chaque parti se rejette déjà la responsabilité. Les républicains sont majoritaires aux deux chambres du Congrès, mais le règlement du Sénat fait qu’un texte budgétaire doit être adopté à 60 voix sur 100, nécessitant donc au moins sept voix démocrates.
“Beaucoup de bonnes choses peuvent ressortir des ‘shutdowns’, on peut se débarrasser de beaucoup de choses dont nous ne voulons pas, et ce seraient des choses démocrates”, avait déclaré le président américain. Une allusion à son intention de profiter du gel de certaines administrations pour accentuer le limogeage de milliers de fonctionnaires fédéraux, déjà entamé avec la commission Doge de son ex-allié Elon Musk.
Accentuer le limogeage de fonctionnaires fédéraux
De leur côté, les démocrates dénoncent le manque de volonté de négociation. “Ce n’est pas une question d’orgueil”, a affirmé lors d’un point presse le chef de la minorité démocrate au Sénat, Chuck Schumer. “C’est parce que les Américains souffrent de coûts plus élevés à travers le pays, que ce soit à cause des droits de douane, des coûts de l’énergie ou des coûts alimentaires”, a-t-il ajouté, dénonçant des coûts de santé qui “grimpent en flèche”.
Donald Trump n’est pas étranger aux “shutdowns” puisque le dernier remonte à son premier mandat, lorsque la paralysie s’était étalée de décembre 2018 à janvier 2019, pour un record de 35 jours.
Le Bureau budgétaire du Congrès estime qu’environ 750.000 fonctionnaires seront mis quotidiennement au chômage technique (CBO). Derrière ce chiffre, ce sont des familles privées de revenus et des services entiers désorganisés : les précédents shutdowns avaient déjà provoqué des retards dans le traitement des passeports, visas ou demandes de prestations sociales.
Le trafic aérien affecté
Le trafic aérien pourrait également être affecté. Les contrôleurs aériens et agents de sécurité TSA, considérés comme essentiels, continueront à travailler mais sans rémunération immédiate. Lors de la crise de 2018-2019, cette situation avait conduit à des absences pour cause de maladie, provoquant ralentissements et retards dans plusieurs grands aéroports américains.
Les parcs nationaux resteront ouverts, mais privés des “rangers” chargés de l’entretien et de la sécurité. Lors du précédent shutdown, l’absence de personnel avait entraîné vandalisme, accumulation de déchets et pertes économiques pour les commerces dépendants du tourisme. L’impact pourrait être particulièrement sensible à l’automne, saison où des millions de visiteurs affluent pour admirer le changement de couleur des feuilles.
Selon la compagnie d’assurance Nationwide, chaque semaine de paralysie pourrait réduire la croissance annuelle du PIB américain de 0,2 point. Des estimations similaires avaient été avancées par Goldman Sachs ou Moody’s, situant l’impact d’une semaine de shutdown entre 0,1 et 0,2 point de croissance perdue.
Au-delà de l’impact économique immédiat, la crise budgétaire nourrit une profonde défiance politique. Les observateurs estiment qu’elle accentue l’image d’un système institutionnel bloqué et fragilise la crédibilité internationale de Washington.