Rodolphe Saadé, le patron français qui murmure à l’oreille de Trump et qui veut racheter les cargos d’Air Belgium

Rodolphe Saadé, reçu à la Maison Blanche par Donald Trump, le 6 mars. (AFP)
Olivier Mouton
Olivier Mouton Chef news

Le milliardaire d’origine libanaise, cinquième fortune de France, est à la tête du groupe logistique CMA CGM. Il a été reçu à la Maison Blanche après avoir annoncé 20 milliards d’investissements aux Etats-Unis. Et il a des visées sur les quatre avions d’Air Belgium.

Voilà qui est rare en cette période de tensions géopolitiques: un Français a, vraiment, l’oreille du président américain Donald Trump. Le 6 mars dernier, Rodolphe Saadé a été reçu à la Maison Blanche. Un honneur qui se mérite, surtout s’il est suivi de louanges, pas d’une humiliation collective comme le président ukrainien récemment.

Un gros contrat annoncé par le président Trump lui-même confirmait, il est vrai, la présence du groupe aux Etats-Unis. De quoi susciter l’enthousiasme. Sans que ce soit lié, Rodolphe Saadé regarde aussi… vers la Belgique.

Un “deal” comme les aime Trump

Le milliardaire français d’origine libanaise, cinquième fortune de France à la tête du groupe logistique CMA CGM, venait, en effet, avec un “deal” comme les affectionne Donald Trump: quelque 20 milliards d’investissements dans son pays avec 10 000 emplois à la clé et le développement d’une flotte de navires CMA CGM sous pavillon américain.

Voilà pourquoi il a eu droit à un “great honour to have you” de la part de Trump. Le piquant de l’affaire, c’est aussi que les photos montrent Rodolphe Saadé reçu dans un bureau présidentiel décoré de la fameuse carte du “Golfe de l’Amérique”, nouveau nom donné par l’administration Trump au “Golfe du Mexique”, sans que cela soit reconnu internationalement.

Le “French” ne manquait pas d’enthousiasme. “Nous voudrions, M. le président, qu’il y ait plus de navires battant pavillon américain, a-t-il avancé. Nous allons passer des dix que nous opérons aujourd’hui à trente navires sous pavillon américain, et espérons faire plus dans les mois à venir”. Son groupe exploite, en tout, une flotte de 650 navires.

CMA CGM en a les moyens. Entre 2020 et 2024, il a dégagé plus de 50 milliards d’euros de profits. En 2024, le groupe a dégagé un résultat net de 5,7 milliards de dollars, porté par le dynamisme du commerce mondial et les tensions persistantes en mer Rouge, qui ont maintenu des taux de fret élevés.

Une offre sur Air Belgium

Désormais, nous apprenait L’Echo jeudi, le milliardaire français a des visées sur la Belgique. Le patron de CMA CGM est en effet pressenti pour reprendre les quatre avions cargo de la compagnie Air Belgium, en quête d’un repreneur après la fin de sa procédure de réorganisation judiciaire.

Une offre officielle a été déposée. Le tribunal du Brabant wallon devrait l’étudier le jeudi 27 mars. Cette nouvelle étape dans la saga fait suite au rejet par ce même tribunal d’une offre d’un consortium hollando-britannique baptisé Air One Belgium – un nom qui aurait pourtant parlé au président américain.

Rien n’est toutefois simple. Le consortium en question a déposé un recours et deux des quatre avions visés par CMA CGM sont en maintenance.

Mais pour Rodolphe Saadé, rien n’est impossible. Après avoir lancé au Liban un business de fontaines à au pour se faire la main, il a rejoint l’entreprise familiale devenue un empire au départ d’un seul navire reliant Marseille au Liban. Depuis qu’il a pris la direction du groupe, l’homme a fait grandir encore CMA à coups d’acqusitions, notamment en reprenant le pôle logistique d’un autre milliardaire français qui fait parlé de lui, Vincent Bolloré.

Voilà un homme de la trempe de ceux que le président américain apprécie, a fortiori s’ils investissent aux Etats-Unis.

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