Etats-Unis : cette “revenge tax” made in Trump qui fait peur aux marchés 

Donald Trump
L’administration Trump envisage une mesure fiscale inédite, déjà surnommée par les analystes et les marchés financiers la "revenge tax", ou “taxe de la vengeance”. © Getty Images
Sébastien Buron
Sébastien Buron Journaliste Trends-Tendances

Mauvaise nouvelle pour les entreprises européennes et belges qui envisagent de s’installer aux Etats-Unis pour contourner les droits de douane. Une nouvelle mesure fiscale, surnommée “taxe de la vengeance” viendrait s’ajouter aux impôts existants pour les groupes étrangers installés aux Etats-Unis. De quoi fragiliser encore un peu plus les actifs américains et le roi dollar.

Les tensions commerciales prennent un nouveau visage. L’administration Trump envisage une mesure fiscale inédite, déjà surnommée par les analystes et les marchés financiers la “revenge tax”, ou “taxe de la vengeance”. 

Cachée dans la nouvelle loi budgétaire de Trump, la fameuse grande et magnifique réforme budgétaire (“Big and Beautiful Bill”), le nouvel impôt a pour objectif de faire contribuer davantage les entreprises et investisseurs non-américains qui perçoivent des revenus aux Etats-Unis (impôt sur les sociétés, taxes sur les dividendes, etc.). 

Rétorsion fiscale

Concrètement, la surtaxe – dont les contours restent flous – prévoit une ponction de 5 % la première année, avec une hausse annuelle de 5 points pendant quatre ans, jusqu’à un maximum de 20 %. Elle s’appliquerait aux entreprises et investisseurs venant des pays dont les pratiques fiscales sont jugées “injustes”. 

Sont visés l’Union européenne, le Royaume-Uni, le Canada ou encore l’Australie. Motif ? Avoir mis en place une taxe sur les services digitaux des géants de la tech américains (Google, Amazon…) ou des mesures visant à assurer un niveau de taxation minimum aux multinationales opérant sur leur territoire.

Une situation paradoxale, comme le soulignait voici quelques jours l’économiste Bernard Keppenne (CBC), dans la mesure notamment où l’administration Trump encourage les implantations sur le sol américain en pleine guerre commerciale : “D’un côté, il cherche à attirer les entreprises étrangères pour relocaliser la production aux États-Unis. De l’autre, il évoque des hausses d’impôts qui pourraient justement dissuader ces mêmes investisseurs étrangers.” 

Dette américaine

Pour l’heure, on ignore encore si les bons du Trésor américains (les Treasuries, obligations d’État américaines) seront concernés, mais les fonds souverains détenant des actifs américains seraient bel et bien touchés. Il en irait de même pour les filiales de multinationales ainsi que les entreprises américaines détenues par des groupes étrangers. 

La question n’est pas banale. Le dispositif risque en effet d’affecter les actifs financiers américains, déjà moins prisés par les investisseurs étrangers depuis avril, ce qui pourrait faire pression sur le dollar. Jusqu’à provoquer un krach sur la dette US ? “Je ne sais pas quand il y aura une crise des dettes souveraines, mais je suis sûr qu’il y en aura une”, déclarait à ce propos la semaine dernière Larry Fink, patron du géant mondial de la gestion d’actifs BlackRock, dans les colonnes du magazine français Le Point.

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