Récession en vue : quand le Kremlin paie le prix de la guerre

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Le ministre russe de l’Économie, Maxime Rechetnikov, a estimé jeudi que la Russie était “au bord” de la récession, si l’État ne prenait pas rapidement les “bonnes décisions”, dans un contexte de ralentissement marqué de la croissance après deux années de surchauffe.

Alors que l’économie russe avait fait preuve d’une résilience inattendue en 2023 et 2024 face aux sanctions occidentales imposées depuis 2022, en réaction à l’invasion de l’Ukraine, la conjoncture s’est détériorée ces derniers mois.

Les lourds investissements dans le complexe militaro-industriel, destinés à soutenir l’effort de guerre, ne suffisent plus à stimuler la croissance. Celle-ci est freinée notamment par la politique monétaire très stricte de la Banque centrale (BCR), qui lutte activement contre une inflation avoisinant les 10 %.

Dans ce contexte, plusieurs acteurs économiques de premier plan, dont Maxime Rechetnikov, plaident ouvertement ou en coulisses pour un assouplissement de la politique monétaire, notamment via une baisse du taux directeur, actuellement fixé à 20 %, afin de relancer la demande et l’investissement.

Un ralentissement économique confirmé

« Les chiffres montrent un ralentissement », a reconnu le ministre lors du Forum économique international de Saint-Pétersbourg. « Nous sommes déjà au bord de la récession », a-t-il alerté, évoquant une augmentation du nombre d’entreprises en difficulté, pénalisées par des emprunts à des taux particulièrement élevés.

Russie : la Banque centrale baisse son taux à 20 %

C’est la première fois que le ministre russe de l’Économie s’exprime aussi ouvertement sur les risques de récession, alors que les indicateurs économiques sont en berne depuis plusieurs mois. La croissance du PIB est ainsi tombée à 1,4 % au premier trimestre, son plus bas niveau depuis début 2023, selon les chiffres officiels.

Un peu plus tard, M. Rechetnikov a tenu à nuancer ses propos : « Je n’ai pas prédit la récession, j’ai dit que nous étions à la limite », a-t-il précisé, ajoutant que l’évolution dépendra des décisions politiques à venir. « Si tout est fait correctement, nous pourrions l’éviter », a-t-il estimé devant les journalistes et les décideurs présents, semblant ainsi faire pression sur la présidente de la Banque centrale, Elvira Nabioullina.

Le ministre a enfin indiqué qu’il procéderait à une nouvelle évaluation de la situation économique en août, une fois les principales décisions prises et leurs effets plus visibles.

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