Quelle est la mystérieuse idée de Trump concernant les ménages américains?

(Sipa)

Utiliser les retombées de sa politique protectionniste pour faire un chèque à des millions de ménages américains? Donald Trump a plusieurs fois évoqué récemment une telle initiative, dont les contours restent toutefois bien mystérieux.

“Il y a tellement d’argent qui rentre, nous réfléchissons à un petit rabais” pour les ménages, même si “ce que nous voulons surtout faire est rembourser la dette”, a dit le président américain le 25 juillet à la Maison Blanche.

Par la suite, il a changé de vocabulaire et préfère désormais parler de “dividende” – le mot désigne la part des bénéfices reversée par une entreprise à ses actionnaires. “Il pourrait y avoir une distribution ou un dividende pour les habitants de notre pays. Je dirais pour les personnes aux revenus moyens ou faibles”, a par exemple déclaré Donald Trump dimanche.

Un sénateur républicain, Josh Hawley, s’est empressé de préparer un projet de loi prévoyant l’envoi de chèques d’un montant de 600 dollars par personne – adulte ou enfant à charge.

Questions sans réponses

Le président américain avait déjà envoyé des chèques à des dizaines de millions d’Américains pendant son premier mandat, dans le cadre des efforts de relance face à la pandémie de Covid-19.

Alors en pleine campagne pour la présidentielle, le milliardaire avait insisté pour que des chèques de 1.200 dollars émis au printemps 2020 par l’administration fiscale portent son nom, du jamais vu aux Etats-Unis pour un chef d’Etat en exercice.

La nouvelle idée du milliardaire de 79 ans pose toutefois beaucoup de questions.

D’abord, comment la financer?

Le déficit public des Etats-Unis s’est en effet encore creusé entre octobre et juin, par rapport à la même période un an plus tôt, malgré une hausses des revenus issus des droits de douane dont Donald Trump matraque tous les partenaires commerciaux des Etats-Unis.

Faire des chèques aux ménages creuserait ce déficit, et augmenterait par conséquent encore la dette américaine, qui s’établissait le 4 août à plus de 36.800 milliards de dollars.

Ensuite, de quelles rentrées d’argent exactement parle le président américain?

Quand il évoque les retombées de sa politique protectionniste, Donald Trump mêle en effet les rentrées provenant des droits de douane et les promesses d’investissement faites par plusieurs économies étrangères.

“Ce que je veux”

Dans une interview avec CNBC mercredi, interrogé sur cette idée de “dividende”, le dirigeant républicain a donné l’exemple d’énormes investissements promis par le Japon et l’Union européenne, les comparant aux primes versées lorsqu’un sportif signe un nouveau contrat. “Je peux (en) faire tout ce que je veux”, a-t-il assuré.

Problème: les dirigeants étrangers n’ont pas du tout la même lecture.

Le gouvernement japonais assure par exemple que sa promesse d’investissements se présentera sous forme de prêts et de garanties, certainement pas d’un virement de 550 milliards de dollars en liquide.

Enfin, le président américain se voit souvent reprocher par l’opposition démocrate de présenter de manière mensongère la manne issue des droits de douane. Donald Trump assure que les taxes douanières sont payées par les pays étrangers. Mais de nombreux économistes font valoir que ce sont les consommateurs américains qui s’acquittent indirectement d’une bonne partie de ces droits de douanes.

Les taxes douanières sont payées par les importateurs, par exemple des enseignes de grande distribution, ou des usines qui commandent des pièces détachées à l’étranger. Ces entreprises vont répercuter au moins une partie du surcoût sur le prix final des marchandises, surtout si elles opèrent dans des secteurs à faible marge, comme le commerce de détail.

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