Que vient faire une délégation russe à l’OSCE ?
Une réunion de l’Organisation pour la Sécurité et la coopération en Europe (OSCE) s’est ouverte jeudi à Vienne en présence de députés russes, autorisés à voyager dans l’UE pour la première fois depuis le début de la guerre.
La délivrance de neuf visas, dont six à des personnes figurant sur la liste de sanctions de l’Union européenne, a suscité le courroux de l’Ukraine, qui a décidé de boycotter cette assemblée parlementaire tout comme la Lituanie.
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“Comment accepter la présence de gens qui légitiment des crimes de guerre? C’est une insulte aux victimes ukrainiennes”, s’est indignée Kiev, selon une déclaration lue à l’ouverture des débats par Peter Osusky, chef de la délégation slovaque.”Ils ne sont là que pour dérouler leur agenda, justifier la guerre et discréditer l’Etat de droit”, un an après le lancement de l’offensive russe, ont estimé les représentants ukrainiens. “Le temps des discussions est révolu, il faut passer à l’action” et les traduire en justice.
Autriche, pays neutre
Dans la salle, avaient pris place Piotr Tolstoï, vice-président de la Douma, la chambre basse du Parlement, et ses collègues. Lors des deux précédentes réunions au Royaume-Uni et en Pologne l’an dernier, aucun visa n’avait été accordé aux membres russes. Mais l’Autriche, pays neutre hôte de nombreuses organisations internationales, affirme être liée par un “accord international” avec cette instance qui siège dans sa capitale, selon le ministère des Affaires étrangères.
Permettre le dialogue
Margareta Cederfelt, présidente de l’Assemblée parlementaire de l’OSCE, a défendu cette décision, dénoncée par les parlementaires de 20 pays. “Soyons clairs: permettre le dialogue ne veut pas dire offrir une plateforme à la propagande et à des justifications de la guerre”, a-t-elle déclaré devant les participants réunis dans le cadre fastueux de l’ancien palais impérial des Habsbourg, sans la présence de la presse interdite d’accès. “C’est l’occasion de défendre l’Ukraine”, a lancé la Suédoise “à ceux qui trouvent insupportable d’être assis dans la même salle”.
L’OSCE, qui compte 57 Etats membres, a été instaurée en 1975, au cœur de la Guerre froide, pour favoriser les relations Est-Ouest. Mais son fonctionnement est paralysé depuis le début du conflit en Ukraine, la Russie bloquant plusieurs décisions importantes. Il n’existe aucune base juridique permettant d’exclure un Etat membre ou de modifier les règles, basées sur le principe du consensus.