Quand les extrêmes se rejoignent pour faire tomber la France et l’Europe

Marine Le Pen habillée de noire: l'heure est grave, mais elle espère en profiter. (Credit Image: © Telmo Pinto/SOPA Images via ZUMA Press Wire)
Olivier Mouton
Olivier Mouton Chef news

La chute du gouvernement Barnier, en France, est due à une alliance des extrêmes de la droite et de la gauche. Derrière les arguments de fond, il y a surtout une stratégie de la terre brûlée de la part du RN et de LFI. Avec des ambitions préoccupantes pour l’Europe tout entière.

Michel Barnier inspire le respect. Le Premier ministre français, démissionnaire, aura tenté jusqu’au bout de mettre en garde contre la fuite en avant d’une motion de censure. Avec humilité: “Mon projet de budget n’est pas parfait”. Avec devoir: “Les ors de la République, je m’en fous”. Et avec le sens des responsabilités: “Après, ce sera plus grave et difficile”.

Les dés étaient toutefois jetés. Dans une alliance soi-disant contre-nature, le Rassemblement National (RN) et la France Insoumise (LFI) ont voté d’une même voix la motion de censure qui a fait chuter son gouvernement. Avec la bouche en coeur, un soi-disant sens de la gravité et la volonté de prétendre qu’il s’agit de “protéger les Français”.

Les extrêmes se sont toutefois alliées et ce n’est pas un hasard, tant leur logique est commune. Elles pratiquent une stratégie de la terre brûlée, pour servir leurs intérêts avant tout.

Un populisme insupportable

Robert Ménard, ancien secrétaire général de Reporters sans Frontières et maire de Béziers soutenu par le RN, s’étranglait, mercredi soir, de ce vote commun: “Les gens de LFI représentent tout ce que l’on déteste”. Marine Le Pen, cheffe de file de l’extrême droite, se défendait en précisant qu’il s’agissait avant tout de faire tomber un gouvernement “néfaste” pour la France.

Tant le Rassemblement National que la France Insoumise ont toutefois fait preuve d’un populisme sans limites, partagé, ces derniers jours, posant les lignes rouges l’une après l’autre, prétendant que la situation n’est pas aussi grave que l’on dit, jurant que l’on peut éviter les mesures difficiles. Sans apporter de réponses autre que des slogans: on peut indexer les retraites, diminuer le prix de l’électricité, couper dans l’appareil de l’Etat…

La manière différait, c’est vrai, entre une Marine Le Pen grave habillée de noir et des LFI railleurs, chahutant dans l’assemblée. La leader d’extrême droite jouait la subtilité en affirmant que tout était de la responsabilité du président français, Emmanuel Macronn et qu’il devrait en tirer les conséquences lui-même, là où LFI réclamait sa démission purement et simplement.

Mais derrière, il y a la même ambition du pouvoir, d’une présidentielle anticipée, de faire tomber le pouvoir et de ramasser la France.

Une menace pour l’Europe

Sous nos yeux écarquillés, on assiste là à le première alliance contre-nature, mais réelle, entre les deux extrêmes qui pourrait mettre l’Europe par terre. Les extrêmes, de droite comme de gauche, n’ont pas le sens de la reponsabilité, mais l’envie de faire tomber “le système”. Au profit d’un retour à la nation, en faisant fi des contraintes budgétaires et économiques.

L’expérience française des derniers jours témoigne aussi de l’inutilité de miser sur un quelconque sens du devoir de ces extrêmes. Michel Barnier a bien tenté de discuté avec le Rassemblement National, mais il n’a reçu en retour que du mépris et de l’arrogance “au nom de nos onze millions d’électeurs”.

Le chaos français risque de se prolonger. C’est un laboratoire auquel nous devons être attentifs, qui survient au pire moment pour l’Europe. Et, peut-être pas par hasard non plus, alors que Donald Trump revient au pouvoir pour donner un nouveau souffle à cette vague populiste, partout dans le monde. Et alors que Vladimir Poutine veut faire chanceler l’Union européenne.

L’Histoire en témoigne: les extrêmes se rejoignent, toujours!

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content