Puigdemont, de retour en Belgique, sème la zizanie en Espagne: “Ce n’est pas Hannibal Lecter”
Le leader nationaliste catalan serait de retour dans sa maison de Waterloo. Il a échappé à la traque des forces de l’ordre espagnoles. Les critiques sont légion. Tandis que le gouvernement de Pedro Sanchez… pourrait tomber.
C’est ce qui s’appelle un aller-et-retour dévastateur, susceptible de provoquer une crise politique à plusieurs étages. Carles Puigdemont, leader indépendantiste catalan, aura passé quelques heures à Barcelone – voir quelques jours, car il était apparemment en ville depuis mardi.
Jeudi matin, avant l’investiture du nouveau président régional, celui qui avait déclaré unilatéralement l’indépendance de la Catalogne en octobre 2017 a tenu un discours devant l’Arc de triomphe pour dénoncer la traque judicaire dont il est l’objet. Avant de fuir, tel Houdini. Les circonstances de sa fuite et la traque dont il fait l’objet pourraenit fragiliser le gouvernement espagnol.
Une fuite qui sème la discorde
Selon le secrétaire général de son parti, Jordi Turull, Carles Puigdemont serait de retour en Belgique. Il a installé une “maison de la Catalogne” dans sa résidence de Waterloo et est, en doute, député européen. Les forces de l’ordre espagnoles avaient pourtant mis en oeuvre un vaste plan pour l’arrêter, avec des blocages sur les routes et des moyens considérables, en vain. L’opposition, Parti Populaire et Vox, est vent debout contre les autorités qui n’ont pas réussi à l’arrêter… alors qu’il a tenu un meeting en plein jour, devant une foule importante et en présence de policiers.
La fuite était d’autant plus rocambolesque qu’elle se serait déroulée avec la complicité d’au moin un Mosso, représentant des forces de l’ordre catalanes, qui a été arrêté. La Cour suprême espagnole demande des comptes aux Mossos et à l’Intérieur. Pour rappel, en dépit d’une loi d’amnestie décidée par le gouvernement fédéral contre les Catalans à l’origine du réferendum anticonstitutionnel de 2017, la même Cour suprême a maintenu un mandat d’arrêt pour “malversation financière”, estimant que ce dossier-là ne ressortait pas de la loi d’amnistie.
Le soutien nationaliste en cause
Les partisans du leader catalan, eux, fustigent le déploiement de force mis en place pour l’arrêter, jugé disproportionné. Carles Puigdemont “n’est pas Hannibal Lecter”, a ramassé Jordi Turull, évoquant ce criminel cannibal devenu le héros du film Le Silence des Agneaux.
Après avoir longtemps critiqué l’objet du mandat d’arrêt pour laquel il était récherché – la sédition -, Puigdemont a beau jeu de dénoncer aujourd’hui encore un justice politisée qui va à l’encontre d’une décision politique qui lui est favorable.
Mais cette saga hallucinante pourrait encore faire l’objet d’un autre rebondissement. Le parti de Puigdemont, Junts per Catalunya, pourrait retirer son souteien au gouvernement espagnol de Pedro Sanchez. “La situation a beaucoup changé en raison du contexte et des paramètres qui ont rendu possible notre accord, et nous devons voir si cela a du sens”, souligne son secrétaire général.
A partir du moment où l’amnistie négociée n”est plus de mise et dès lors que le Parti socialiste a conquis le pouvoir régional en Catalogne, rejetant Junts per Catalunya dans l’opposition, le divorce pourrait être rapidement consommé. Le résultat, ce serait une nouvelle période d’instabilité pour le pays.
Voilà un séjour éclair qui aura fait des dégâts…
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