Le président américain Donald Trump a menacé d’augmenter de 100 % les taxes douanières sur un secteur stratégique, celui des puces et semi-conducteurs. Une annonce surprise et dont les détails sont encore inconnus, mais qui a déjà fait réagir.
Donald Trump n’a pas terminé sa guerre commerciale et l’a fait savoir avec une annonce aussi fracassante que floue : une taxe de 100 % sur les importations de puces et semi-conducteurs est dans les tuyaux. De quoi raviver les tensions commerciales, alors que les nouveaux droits de douane viennent d’entrer en vigueur ce jeudi 7 août, et bouleverser toute la chaîne d’approvisionnement mondiale de ces composants.
Fidèle à son style, le président américain n’a livré aucun calendrier ni détail concret sur cette mesure, à une exception près : les entreprises qui investissent sur le sol américain seront épargnées, les autres subiront.
L’Europe à l’abri… pour l’instant
Face à la menace, la Commission européenne a rapidement cherché à désamorcer l’inquiétude. Le porte-parole de la Commission européenne, Olof Gill, a tenu à rappeler que l’accord USA-UE plafonne les droits de douane à 15 % pour les exportations européennes de puces. “Nous attendons avec impatience que les États-Unis mettent en œuvre cet engagement”, a-t-il déclaré, non sans insister sur la nécessité de respecter les règles établies.
Concrètement, cela signifie que les fabricants européens comme le néerlandais ASML peuvent, sauf revirement brutal, continuer d’exporter vers les États-Unis sans subir de choc tarifaire majeur. Une bonne nouvelle, compte tenu des incertitudes dans lesquelles ces fabricants se trouvaient depuis plusieurs mois. Faute de visibilité, ASML avait revu ses prévisions à la baisse pour 2026. Une annonce qui lui avait fait perdre 30 milliards de capitalisation boursière.
TSMC et Apple exemptées
De l’autre côté du globe, le géant taïwanais TSMC, premier fabricant mondial de puces, a immédiatement réagi. Son salut ? Un investissement massif – 100 milliards de dollars – déjà engagé pour implanter plusieurs unités de production aux États-Unis. Grâce à cette stratégie préventive, TSMC échappe à la sanction douanière. Et les marchés ne s’y sont pas trompés : son action a bondi de près de 5 % à la bourse de Taipei.
Même chose pour le fabricant d’iPhone qui, grâce à son annonce d’un investissement de 100 milliards de dollars aux États-Unis peu avant la déclaration de Trump, lui permet d’y échapper. Et par la même occasion, Samsung, avec qui Apple a signé un partenariat. Du moins pour l’instant.
Pas tous logés à la même enseigne
L’annonce de Trump, bien que menaçante et encore floue sur certains aspects, a paradoxalement rassuré certains investisseurs. ASML a rebondi de plus de 3 %, de même que son concurrent direct ASM International.
Mais elle a également déjà fait des dégâts – Tokyo Electron, fabricant majeur d’équipements pour la production de puces, a chuté de 2,73%, alors que Renesas a plongé de 3,44% – auprès d’entreprises qui ne profitent pas d’accord douanier préférentiel ou dans l’incapacité d’investir des sommes folles aux États-Unis, notamment à Taïwan, mais aussi au Japon.
Sans éclaircissement de la part de Donald Trump, le marché des puces et semi-conducteurs restera sous tension. Et cela pourrait durer un moment. La stratégie du “bâton fiscal” du président américain a déjà porté ses fruits, notamment avec la conclusion d’accords avec plusieurs pays, et s’inscrit parfaitement dans sa politique de valoriser le marché américain en poussant les géants technologiques à y investir massivement, quitte à fracturer un peu plus les équilibres commerciaux mondiaux.