Préparons-nous économiquement: une guerre en Europe est plus proche qu’on ne le croit

Emmanuel Macron lors du Conseil européen à Bruxelles. BELGA PHOTO NICOLAS MAETERLINCK
Olivier Mouton
Olivier Mouton Chef news

Les Vingt-Sept vont accélérer l’aide à l’Ukraine et augmenter leurs capacités de défense. Un conflit n’est pas pour demain, mais la Russie se prépare plus rapidement que prévu. L’Institute for the Study of War met en garde.

La mise en garde vient de l’Institute for the Study of War, un think tank américain dont les analyses sont prises très au sérieux. Jeudi, il mettait en garde dans son bulletin quotidien “Plusieurs indicateurs financiers, économiques et militaires russes suggèrent que la Russie se prépare à un conflit conventionnel à grande échelle avec l’Otan, non pas de manière imminente, mais probablement dans un délai plus court que ce que certains analystes occidentaux ont initialement supposé.”

Voilà qui donne le ton de la phase de tension actuelle. Depuis sa réélection “triomphale” le week-end dernier, le président russe, Vladimir Poutine, a en effet relancé la mobilisation pour agresser plus durement encore une Ukraine fragilisée et en manque de munitions. Mais pas uniquement. « M. Choïgou (ministre russe de la Défense) a décrit plusieurs efforts en cours pour renforcer les capacités militaires conventionnelles de la Russie, résume l’Institute for the Study of War (ISW), qui s’inscriraient « plus probablement dans le cadre d’efforts à long terme de la Russie pour se préparer à une guerre conventionnelle potentielle avec l’Otan que dans le cadre de la guerre contre l’Ukraine ».

Le tout sur fond de déclarations russe matamoresques, notamment contre de la France, cible numéro un depuis que son président, Emmanuel Macron, a affirmé qu’il ne fallait “rien exclure”.

“Augmenter nos capacités”

Lors d’un Sommet jeudi à Bruxelles, les Vingt Sept ont pris acte de cette tension accrue en annonçant qu’elle renforçait son état de préparation”. Il est question d’accroître les capacités de l’industrie et d’acheter davantage européen, tout en “accélérant le soutien” à Kiev. 31 milliards ont déjà été consacrés à l’aide militaire à l’Ukraine, 20 devraient encore suivre cette année. On évoque aussi la nécessité de « faire avancer les travaux » sur les bénéfices provenant des avoirs gelés de la Russie dans l’Union européenne, qui permettrait de dégager jusqu’à trois milliards d’euros. Trop peu, trop tard?

Josep Borrell, haut représentant de l’Union européenne pour les Affaires étrangères et la Sécurité, recadre: “L’appel lancé aux Européens pour qu’ils soient conscients des défis auxquels nous sommes confrontés est une bonne chose, mais nous ne devons pas non plus exagérer. Nous devons nous préparer pour l’avenir, augmenter nos capacités de défense, augmenter les capacités de notre industrie. Mais il ne faut pas effrayer les gens inutilement. Ce qui est imminent, c’est la nécessité de soutenir les Ukrainiens.”

L’Europe avance, en marchant sur un fil, entre musculation d’Emmanuel Macron – dont une photo faisant de la boxe a fait le tour du monde – et préparation de la société au pire des scénarios. Pendant ce temps, Piotr Tolstoï, vice-président de la Douma, évoquait la possibilité de bombe nucléaire russe sur Paris. La guerre des mots, elle, est bien en cours.

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