Préavis de crise gouvernementale sur l’Etat palestinien: le MR va-t-il plier en obtenant des garanties?

Maxime Prévot ( Les Engagés) et Georges-Louis Bouchez (MR) au parlement.
Olivier Mouton
Olivier Mouton Chef news

Maxime Prévot (Les Engagés), ministre des Affaires étrangères, menace d’une “crise majeure” sur Gaza. Les lignes bougent à la N-VA et au MR en faveur d’une reconnaissance de la Palestine. Il reste au moins un personne à convaincre…

Maxime Prévot, vice-Premier ministre des Engagés et ministre des Affaires étrangères, monte d’un cran dans la gradation de l’urgence politique.

“S’il n’y a pas de ton plus ferme au sein du gouvernement concernant les violations des droits humains commises par le gouvernement israélien, ou si aucune mesure n’est prise en faveur de la reconnaissance de la Palestine, une crise majeure se profile“, menace-t-il dans le Standaard ce lundi matin.

Ce n’est pas un hasard: mercredi, le Premier ministre, Bart De Wever, a convoqué un Conseil des ministres restreint consacré à la situation géopolitique. Il sera question de Gaza et de la reconnaissance d’un Etat palestinien. Vooruit, CD&V et Engagés souhaitent que la Belgique franchisse le pas comme la France en septembre.

Les lignes bougent au MR

Alors qu’Israël a décidé de poursuivre son offensive aux zones qui avaient été “épargnées” jusqu’ici, l’urgence deviendrait plus grande encore. Même s’il s’agit là davantage d’un moyen de pression symbolique que d’une reconnaissance juridiquement forte.

Le MR de Georges-Louis Bouchez est le plus intransigeant depuis le début de ce bras de fer belgo-belge.

Les lignes bougent-elles? Louis Michel, figure “historique du parti” et ancien ministre des Affaires étrangères, s’est prononcé favorablement à une reconnaissance, en prenant quelques pincettes. “Soyons clairs, le Hamas a commis des actes terroristes d’une barbarie sans nom, précise-t-il au Soir. Soyons clairs aussi, la réaction de Binyamin Netanyahou – et, j’insiste, je fais bien la différence entre le chef du gouvernement israélien et les Israéliens – est totalement, totalement disproportionnée. Le sort fait aux populations civiles de Gaza est inhumain, ce n’est pas acceptable. Alors? Alors il faut bien, dirais-je, reconnaître l’Etat palestinien si l’on veut que s’impose un jour la seule et unique “solution”, il n’y en a pas trente-six, celle des deux Etats !”

Il poursuit : “Je constate que l’option d’une reconnaissance d’un État palestinien progresse au plan international, et européen, je m’en réjouis. Je m’inscris dans ce mouvement. Tout en respectant celles et ceux qui ont d’autres opinions, ou qui voudraient poser toute une série de conditions préalables. Mais enfin, on ne peut rester indifférents à ce qui se passe là-bas en ce moment.”

Quelques parlementaires du parti seraient en phase avec ce sentiment. Il reste à convaincre au moins un homme, Georges-Louis Bouchez lui-même, et sa garde rapprochée. Ce n’est pas gagné: en commission parlementaire, il a préservé sa “ligne ferme” en désignant Denis Ducarme pour tenir le cap MR en lieu et place de Charlotte Deborsu, plus encline au compromis, selon Le Soir.

“Et cette liberté de conscience des mandataires MR, vous pouvez lui parler?, ironise François De Smet (DéFi). Est-elle dans la pièce avec nous en ce moment?”.

S’il ne dit pas un ‘non’ catégorique, le président libéral avait clairement précisé sa pensée dès la fin mai: “Le président du MR ne l’écarte pas sur le principe, mais insiste sur la nécessité d’un processus structuré et assorti de conditions précises. Cette reconnaissance ne peut pas intervenir sans le désarmement du Hamas, reconnu par l’Union européenne et la majorité des pays occidentaux comme organisation terroriste, ni sans son retrait total du pouvoir.”

Il y aurait de la marge pour un compromis. Peut-être, mais ce ne sera pas simple.

Il suffit de voir la position forte prise par le MR contre la décision prise à l’ULB de nommer la promotion du droit du nom de Rima Hassam, l’égérie de la France Insoumise, qui a notamment participé à une manifestation pro-palestinienne en bateau qui a fait grand bruit.

“On ne peut accepter qu’une femme qui livre quotidiennement sa haine de l’Occident, son soutien à peine voilé à des organisations terroristes et qui milite dans un parti dangereux pour notre démocratie, puisse incarner une promotion de citoyens qui devraient incarner exactement l’inverse, affirme Bouchez. Les autorités académiques ne peuvent accepter le diktat de l’extrême gauche.”

Et pour la reconnaissance, comment donner le sentiment de ne pas céder à un diktat?

Les lignes bougent à la N-VA

À la N-VA également, les lignes bougent. La ministre flamande Zuhal Demir a exprimé à nos collègues de Trends Z son souhait d’une reconnaissance de l’Etat palestinien.

“Avec la reconnaissance de la Palestine, nous affirmons le droit à l’existence d’un peuple, dit-elle. En tant que Kurde et nationaliste flamande, je trouve que la reconnaissance des Palestiniens comme peuple est cruciale.”

La position du Premier ministre, Bart De Wever, serait elle-même en train de s’aligner en ce sens. Moyennant quelques réserves, là aussi, franchira-t-il le gué?

La semaine s’annonce cruciale. Le préavis de crise devrait pouvoir être évité, d’autant que les urgences politiques belges sont nombreuses. Même si, au sein des libéraux, le ton reste très dur sur ces questions.

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