Pourquoi le coup d’Etat au Niger menace l’Europe et la Belgique

La France se montre très sévère contre la junte qui a déposé le président Mohamed Bazoum. Les Etats de l’Afrique de l’Ouest menacent d’intervenir. L’enjeu est, il est vrai, d’envergure, économique et géopolitique.

Depuis le coup d’Etat au Niger et la séquestration du président élu Mohamed Bazoum, la tension ne cesse de monter. La France a appelé la junte du général Abdourahamane Tiani à “rétablir l’ordre constitutionnel”. La Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest a fixé un ultimatum et n’exclut pas un recours à la force.

En retour, des manifestants s’en sont pris à l’ambassade de France et expriment leur soutien à la Russie de Vladmir Poutine. Les putschistes accusent la France de vouloir “intervenir militairement”.

Ce pourrait être un point de bascule dans la région du Sahel. Et cela nous concerne. Pour au moins trois raisons.

Une source d’énergie

Avant toute chose, le Niger n’est pas un pays “neutre” économiquement. Pour la France, mais aussi pour l’Union européenne dans son ensemble. Le pays est en effet à l’origine de 24,2% des approvisionnements européen en uranium, indispensable pour faire tourner les centrales nucléaires, devant le Kazakhstan et la Russie.

Le groupe français Orano (ex-Areva) exploite des mines à ciel ouvert au Niger, employant au passage quelques centaines de Français parmi ses 6000 employés. La France ne serait toutefois dépendante pour ses centrales nucléaires “que” de 15% des importations venant de ce pays.

Pour la Belgique, c’est aussi un enjeu: notre approvisionnement dépend, partiellement, du nucléaire français.

Un îlot de stabilité menacé

Dans une région du Sahel malmenée par les attaques djihadistes, le Niger restait jusqu’ici un des rares pôles de stabilité. Les pays voisins du Mali et du Burkina-Faso ont subi eux aussi des coups d’Etat, sous le prétexte d’offrir un meilleure riposte à cette attaque islamistes.

De façon préoccupante, cette région, qui figure parmi les plus pauvres du monde, sombre dans un chaos inquiétant. Cette déstabilisation est également préoccupante pour les autres pays du Golfe de Guinée, dont le Bénin, le Togo ou la Côté d’Ivoire.

La Russie et… Wagner en embuscade

Bien des experts s’accordent pour dire que la France est devenue “inaudible” dans cette région du monde après l’ère coloniale et la politique de “Françafrique”, entretenant l’illusion d’une présence constructive.

L’alternative choisie par les nouveaux régimes issus des coups d’Etat n’est autre que la Russie de Vladimir Poutine. Mais plus que le régime russe, c’est la milice privée Wagner qui officie dans la région, non sans exactions.

Si une intervention militaire n’est pas exclue, c’est parce que l’enjeu sécuritaire et économique est d’envergure. Mais il s’agit de nitroglycérine: ce pourrait être, aussi, un nouveau jalon dans l’affrontement entre Russie et Occident, par pays interposés.