Le Canada et la Chine, après une période de tensions, ont convenu de “régulariser” leur dialogue, a annoncé jeudi Ottawa après un appel entre le Premier ministre Mark Carney et son homologue chinois Li Qiang.
Les liens bilatéraux sont tendus depuis de nombreuses années, en raison de différends en matière de commerce, de politique, d’accusations d’espionnage ou encore d’arrestations voire de condamnations de leurs ressortissants. “Mark Carney s’est entretenu avec le Premier ministre de la Chine, Li Qiang”, selon un communiqué du bureau du Premier ministre canadien. “Les dirigeants ont discuté des relations bilatérales, notamment de l’importance du dialogue, et ont convenu de régulariser les voies de communication entre le Canada et la Chine”, a-t-il souligné.
Du côté de Pékin, l’agence de presse officielle Chine nouvelle a indiqué vendredi que Li Qiang a exprimé le souhait d’une amélioration des liens bilatéraux. “Ces dernières années, les relations sino-canadiennes ont fait face à des perturbations inutiles et ont rencontré de sérieuses difficultés”, a déclaré M. Li.
Pékin est prêt “à travailler avec le Canada pour défendre conjointement le multilatéralisme et le libre-échange” face à la “montée de l’unilatéralisme et du protectionnisme”, a-t-il ajouté, en référence à la guerre des droits de douane lancée par le président américain Donald Trump.
Arrestations
Chine nouvelle a précisé que l’appel téléphonique a eu lieu à la demande de Mark Carney, récemment élu.
Les relations entre Pékin et Ottawa sont tendues depuis l’arrestation en 2018 par les autorités canadiennes d’une responsable du géant chinois Huawei, Meng Wanzhou, et de l’emprisonnement ensuite par la Chine de deux ressortissants canadiens, Michael Kovrig et Michael Spavor, accusés d’espionnage. Si tous les trois ont depuis été libérés, les tensions ont perduré, Pékin reprochant notamment à Ottawa son alignement supposé sur la politique chinoise de Washington.
La relation a aussi été marquée par des accusations d’ingérence chinoise dans la vie publique canadienne et des expulsions croisées de diplomates en mai 2023. Quatre citoyens canadiens ont par ailleurs été exécutés cette année dans le pays asiatique, avait indiqué en mars l’ex-ministre canadienne des Affaires étrangères, Mélanie Joly.
La Chine avait répondu avoir agi “conformément à la loi” et pour lutter “contre la criminalité liée aux stupéfiants”.
Canola et fentanyl
Mark Carney a profité de son appel téléphonique avec son homologue chinois “pour soulever différents dossiers” dont “celui des irritants commerciaux visant les produits agricoles et agroalimentaires, notamment le canola et les fruits de mer”, selon le communiqué canadien.
La Chine a activé en mars des droits de douane supplémentaires sur plusieurs produits agricoles canadiens, dont l’huile de canola, une plante conçue au Canada, apparentée au colza. Ces taxes visent à punir Ottawa après sa décision d’imposer de fortes surtaxes douanières sur les véhicules électriques produits en Chine.
Autre dossier abordé par MM. Carney et Li: le fentanyl, cette drogue qui fait des ravages aux Etats-Unis. “Les dirigeants ont pris note des discussions bilatérales tenues récemment sur le fentanyl et d’autres opioïdes, et se sont engagés à ce que leurs gouvernements collaborent pour lutter contre la crise du fentanyl”, toujours selon le communiqué canadien.
Comme la Chine, le Canada est accusé par Washington de lutter insuffisamment contre le trafic de ce stupéfiant, dont des précurseurs sont produits sur le territoire chinois.