Pavel Prigojine, 25 ans, a hérité de 100 millions d’euros et veut diriger Wagner

Prigojine © Getty

A 25 ans et à la tête d’un héritage de plus de 100 millions d’euros, Pavel Prigojine semble déterminé à reprendre les rênes de l’armée de mercenaires Wagner et l’empire créé par son père.

Fin juin, à l’issue de la mutinerie avortée de Wagner, le Kremlin avait laissé trois options aux combattants du groupe paramilitaire: intégrer les rangs de l’armée russe, rejoindre la vie civile ou bien s’exiler au Bélarus, allié de Moscou dans son assaut en Ukraine. Et la mort, il y a presque deux mois, de Prigojine – mais aussi d’une partie importante des cadres de Wagner- dans un accident d’avion a encore davantage brouillé les cartes. La question de qui gouvernait réellement ce qui restait de la milice privée restait floue. Un suspens qui a pris fin samedi dernier. Poutine a en effet demandé très officiellement à Trochev, un ancien très proche d’Evguéni Prigojine dans la galaxie Wagner, de former des volontaires pour combattre en Ukraine. Selon Vladimir Poutine, Trochev, surnommé “Sedoï” (cheveux gris, en russe) a l’expérience pour mener à bien une telle mission. Ce colonel à la retraite est souvent décrit comme l’un des fondateurs de Wagner et il dirigeait déjà Redut, une autre armée privée. Si cette nomination montre encore un peu plus l’intégration des anciens combattants de Wagner au sein de l’armée russe, elle n’est peut-être pas pérenne.

Une guerre de l’ombre

La lutte pour prendre possession du groupe paramilitaire Wagner est en train de prendre l’allure d’une véritable guerre de l’ombre. Avec d’un côté les différents services secrets russes et de l’autre les vétérans de la milice qui ne veulent pas se retrouver sous la coupe du Kremlin. Les deux s’activent furieusement en coulisses. D’autant plus qu’une autre personne semble se profiler chaque jour un peu plus : Pavel, le fils de Prigojine. Ce dernier aurait le soutien des membres de Wagner et, selon le groupe de réflexion américain Institute for the Study of War (ISW), entamé des négociations avec la Rosgvardia, la Garde nationale russe.

L’héritier

Les seules informations qui ont filtré sur lui sont qu’il a 25 ans et qu’il a combattu, aux côtés de Wagner, lors de la guerre civile en Syrie. Visiblement, avec une certaine bravoure puisqu’il a reçu la “Croix noire” pour ses mérites militaires. On sait aussi qu’il se trouve, comme une bonne partie de la famille Prigojine, sur les listes des sanctions internationales.

Si Evguéni Prigojine de son vivant est toujours resté très discret et volontairement flou sur l’existence de son fils, il n’en est pas moins son principal héritier à en croire son testament. Rédigé en mars dernier – mais rendu public le mois dernier- il stipule que c’est bien Pavel qui a hérité de la quasi-totalité de l’empire. Il y a tout ce qui concerne Wagner, mais aussi plusieurs sociétés immobilières et un palais à Saint-Pétersbourg. Selon le site de recherche russe The Insider, l’ensemble vaudrait tout de même 12 milliards de roubles (115 millions d’euros).

En tant qu’héritier officiel et lui-même combattant, il a donc de nombreux atouts pour prendre la tête de l’empire. A un détail près. Rien ne se fera sans l’aval de Poutine, ce qui signifie lui prêter allégeance. En tenant compte des rumeurs tenaces concernant l’implication du président russe dans la mort de son père, la couleuvre risque d’être trop grosse à avaler. Mais comme en Russie il ne faut jamais dire jamais, rien n’interdit d’imaginer un énième soubresaut à la saga. D’autant plus que la cause de l’accident n’a jamais été officiellement élucidée.

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