Pascale Delcomminette (Awex): “Les États-Unis, opportunité malgré l’incertitude”
De retour d’une mission avec dix start-up à New York, la CEO de l’Agence wallonne à l’exportation (Awex) souligne combien le rêve américain reste une réalité, même s’il faut bien se préparer pour aborder ce grand marché, être patient et agile.
Pascale Delcomminette CEO de l’Agence wallonne à l’exportation (Awex), a mené cette semaine une mission à New York, à deux semaines d’une élection présidentielle cruciale pour le pays et le monde. Elle explique l’accompagnement de dix start-up désireuses de partir à la conquête du marché américain. Ce séjour était, aussi, l’occasion de célébrer le 400e anniversaire de l’implantation à New York de Wallons, qui ont oeuvré au développement de la région et fondé la ville de New Paltz.
Cette mission américaine avait deux objectifs: la venue de dix start-up à New York et l’anniversaire de 400 ans de la présence wallonne. Un hasard?
Ce sont deux événements qui se font écho: la mémoire d’un passé méconnu et le regard tourné vers l’avenir. Ces familles wallonnes parties à la conquête de New York, il y a quatre cents ans, ont fondé New Paltz, à une heure et demie de la ville. Elles ont déjà fait preuve à l’époque d’un formidable esprit entrepreneurial, en ayant la volonté de réinventer quelque chose de l’autre côté de l’océan. Par ailleurs, nous avons amené dix start-up de la Tech avec nous afin de mieux les adapter au marché américain. On constate que si elles possèdent les codes de l’Europe, elles ont davantage de mal à aborder cet univers où tout va très vite et où tout est concurrentiel. Il faut s’assurer que l’on maîtrise l’environnement légal, trouver les bons contacts et le financement. La meilleure façon de le faire, ce furent ces quatre journées de montée en compétence au sein d’un accélérateur réputé, l’Entepreneurs Roundtable Accelerator (ERA).
C’est une première pour l’Awex, sous ce format?
C’est une première, en effet. Nous essayons de proposer des formules de plus en plus diversifiées et ciblées sur le profil de nos entreprises. On a vu le métier changer ces dernières années, le monde s’est complexifié, les chaînes de valeurs ont été menacées et, technologiquement, tout évolue à une vitesse folle avec la Deeptech, l’intelligence artificielle, la Medtech, la Greentech… Nous devons adapter nos programmes d’action à la lumière de cela. Nous sommes plus agiles. À côté des grandes missions et des salons, par exemple, nous organisons des conférences, des rendez-vous où les entreprises peuvent se présenter.
C’est, aussi, une façon de faire mieux correspondre les moyens avec les résultats?
Chaque année, notre programmation est faite sur base des enseignements des années précédentes. La priorité est mise sur le retour sur investissement. Nous interrogeons les entreprises à froid, quelques mois après leur participation à une mission, pour évaluer ce que leur a apporté leur mission. Nous voulons avoir de l’impact. Pour évaluer ce retour sur investissement, nous menons également un travail avec l’International Trade Cooperation (ITC), basé à Genève, pour évaluer précisément ce retour sur investissement. Les premières orientations sont positives et témoignent du fait que cela rapporte bel et bien de l’argent en Belgique. Nous attendons le rapport final.
Le rêve américain vit-il toujours?
Les États-Unis restent notre premier partenaire commercial hors Europe. Nous avons toujours travaillé ce marché en priorité et nous aidons nos entreprises à l’aborder. La politique socio-économique a évolué ces dernières années pour travailler davantage avec les entreprises locales, nous devons trouver un chemin pour s’implanter ou profiter de cet énorme marché. De belles réussites wallonnes aux États-Unis comme I-Care, Odoo ou EVS montrent que c’est possible, il faut juste maîtriser les codes et bien cadrer son activité au niveau légal. C’est un marché intéressant, mais il faut les bons réflexes. Il faut parfois revenir plusieurs fois, comprendre comment cela fonctionne, entretenir les partenariats…
Ce moment est particulier avec l’imminence d’élections présidentielles très incertaines. Faut-il en tenir compte?
Parmi les facteurs d’incertitude pour les entreprises, c’est un marqueur important, au-delà de toute considération idéologique. Il est évident que les politiques économiques des deux candidats sont très différentes, notamment par rapport à l’ouverture aux entreprises étrangères. Cela aura nécessairement un impact sur la manière dont les entreprises pourront être un partenaire des États-Unis. Selon les candidats, l’accent sera mis différemment sur certains secteurs. Mais cela ne doit pas nous empêcher d’investir dans la durée ce marché très important pour la Wallonie.
Copyright photos²: J. Van Belle – WBI
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