Paris, “the place to be” pour la finance internationale ?
Avec le possible déménagement du siège européen de Barclays de Dublin à Paris, la capitale française est en passe d’ajouter un nouveau trophée à son tableau de chasse des entreprises de la finance, déjà bien garni depuis le Brexit.
“Nous avons estimé que pour être plus proches du cœur des opérations de notre activité en Europe continentale, il serait approprié de relocaliser notre siège européen”, a expliqué Barclays dans un communiqué jeudi. Si rien n’est encore définitif, Jean-Charles Simon, délégué général de Paris Europlace, l’organisation chargée de promouvoir le marché parisien, s’est félicité auprès de l’AFP de cette annonce “très importante”, surtout pour “un groupe britannique” avec “un tropisme naturel” pour les îles britanniques. Selon Choose Paris Region, qui est notamment en charge de la promotion de la région, l’Île-de-France a gagné 7.000 emplois du fait du Brexit depuis 2016, dont 5.500 liés à la finance.
Hausse constante des effectifs
Depuis la décision des Britanniques de quitter l’Union européenne en 2016, plusieurs exemples attestent du dynamisme de la place parisienne: parmi les géants américains, JP Morgan a accru ses effectifs de 265 avant le Brexit à 900, Bank of America et Goldman Sachs ont choisi Paris pour leurs plateformes d’échanges européennes, et l’assureur Chubb a transféré son siège européen de Londres à Paris. Quant à Morgan Stanley, qui emploie actuellement 330 salariés en France et prévoit de faire passer ses effectifs à 500 d’ici à 2025, son directeur général France Emmanuel Goldstein déclarait fin juin à des journalistes: “Nous avons choisi la France parce qu’il y a une réelle profondeur de talents, et cela tient tout à fait ses promesses”. En 2022, la banque a ouvert un centre de recherche sur les activités de marchés.
Il y a plusieurs mois, Vanessa Holtz, responsable pour la France de Bank of America, qui emploie 600 personnes dans l’Hexagone et prévoit encore d’augmenter son contingent, vantait auprès de l’AFP les attraits de Paris, à la fois sur le plan économique mais sur tous les à-côtés, avec par exemple la qualité des écoles ou l’offre culturelle.
Qualité de vie
Si un temps la compétition faisait rage entre Francfort, qui abrite notamment le siège de la Banque centrale européenne, et la capitale française, “le grand vainqueur aujourd’hui c’est vraiment la place de Paris, il n’y a pas de doute là-dessus, et ça va continuer”, analyse David Benamou, directeur des investissements d’Axiom Alternative Investments. Selon les échanges qu’il a avec le secteur, “quand le choix se présente entre Francfort et Paris, les gens qui doivent bouger préfèrent Paris”. Pour M. Simon, l’intérêt des grands acteurs de la finance pour la Ville Lumière s’explique notamment par la centralité géographique en Europe et par “un bassin de grandes entreprises” inégalées, avec 38 groupes du CAC 40 basés en Île-de-France. Les réformes en faveur des entreprises adoptées ces dernières années ont aussi séduit, estime-t-il. Mais “très clairement”, là où Paris se démarque, “c’est sur la qualité de vie”, pointe de son côté M. Benamou. Pour le moment, Paris attire en priorité les activités de marchés, plus génératrices de valeur.
“Un de nos souhaits est de convaincre nos amis français ou étrangers qui ont des implantations en dehors de France que les métiers de middle et back office ont totalement vocation à s’implanter aussi en France”, reconnait le patron de Paris Europlace. Les activités dites de “middle office” ou “back office” sont les services d’appui, comme par exemple la gestion des risques, le suivi des transactions ou l’informatique.