Otan: la pression monte pour dépenser plus

Mark Rutte, secrétaire général de l'OTAN (ANP REMKO DE WAAL)

Le secrétaire américain à la Défense, Pete Hegseth, se rend jeudi à Bruxelles pour s’assurer que les alliés de l’Otan sont disposés à accroître leurs dépenses militaires, en amont du sommet prévu fin juin, auquel participera Donald Trump.

Absent d’une réunion sur l’Ukraine mercredi au siège de l’Alliance, Pete Hegseth doit retrouver jeudi matin ses homologues pour le dernier rendez-vous ministériel de l’Otan avant le sommet de l’organisation à La Haye les 24 et 25 juin.

A Bruxelles, l’ancien journaliste vedette de la chaîne Fox compte rappeler aux pays européens, et au Canada, que le président américain Donald Trump s’attend à ce “qu’ils s’engagent à consacrer 5% de leur PIB (produit intérieur brut) à la défense”, a rappelé cette semaine le ministère américain de la Défense dans un communiqué.

“Les États-Unis attendent de chaque allié qu’il présente des plans concrets, des budgets, des calendriers et des résultats, afin d’atteindre l’objectif de 5%”, a répété mercredi l’ambassadeur américain à l’Otan Matthew Whitaker.

Inquiet d’un éventuel désengagement américain de leur continent, et face à la menace russe, les Européens se disent prêts à augmenter leurs dépenses militaires. Mais tous n’affichent pas la même volonté.

“La géographie joue un rôle”, a rappelé cette semaine un diplomate à l’Otan, évoquant la situation des pays du sud de l’Europe, comme l’Espagne, moins sensibles à la menace russe et déjà en retard par rapport à un précédent objectif.

En 2014, les pays de l’Otan avaient décidé de porter à 2% de leur PIB leurs dépenses militaires d’ici 2024. Mais plusieurs pays, dont l’Espagne et l’Italie, n’y sont pas parvenus. Ils se sont toutefois engagés à atteindre les 2% cette année.

Addition de deux dépenses

Pour assurer le succès du sommet de La Haye, le secrétaire général de l’Otan Mark Rutte a proposé un chiffre global de 5%, mais sous forme d’une addition de deux types de dépenses.

Il propose de porter le niveau des dépenses militaires stricto sensu à 3,5% du PIB d’ici 2032, et dans le même temps de porter à 1,5% du PIB toutes celles liées à la sécurité, au sens large, comme la protection aux frontières, la mobilité militaire ou encore la cybersécurité.

Cet objectif apparaît plus facilement atteignable dans la mesure où il concerne des dépenses duales, civiles et militaires, déjà engagées ou prévues par les Etats.

L’objectif de 3,5% correspond lui au financement des capacités indispensables pour assurer la défense de l’Otan au cours des prochaines années, au moment où la Russie ne cesse de renforcer son armée.

“Moscou prépare déjà son prochain coup”

“Moscou prépare déjà son prochain coup”, a averti mercredi M. Whitaker, soulignant que, face à ces menaces russes, les pays de l’Otan n’avaient “pas le choix”. “Nous allons faire un grand pas en avant. Nous renforcerons notre dissuasion et notre défense en convenant de nouveaux objectifs ambitieux en matière de capacités” militaires, a assuré de son côté M. Rutte mercredi.

Et, a-t-il ajouté, “je suis vraiment, absolument, positivement convaincu que lors du sommet nous parviendrons à un accord en ce qui concerne cette très forte augmentation des dépenses de défense”. Il reste encore à élaborer le compromis qui permettra de rallier les pays les plus réticents. Selon des diplomates, le délai de sept ans pour parvenir aux 5% pourrait encore varier. De même, il reste encore à préciser quelles dépenses sont liées à la sécurité, une définition très large favorisant les pays les plus en retard.

Certains d’entre eux ont même suggéré de considérer certaines dépenses d’enseignement scientifique et technique à l’école primaire comme liées à la sécurité pour parvenir à 1,5% du PIB, selon un diplomate. Cela a toutefois été rapidement écarté, a-t-il assuré.

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