“One Big Beautiful Bill Act”: la nouvelle bombe budgétaire de Trump

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Le président Donald Trump pourrait renforcer encore davantage son emprise sur le pays grâce à l’adoption, par le Congrès, de son ambitieux projet de loi budgétaire. L’adoption du « One Big Beautiful Bill Act », probablement le texte le plus emblématique de son second mandat, lui offrirait une victoire symbolique forte à l’occasion de la fête nationale du 4 juillet.

Baptisé dans le style hyperbolique propre au président américain, le « One Big Beautiful Bill Act » vise à ancrer durablement la vision politique de Donald Trump. Il combine des baisses d’impôts substantielles — principalement au bénéfice des contribuables les plus aisés — à des coupes massives dans les dépenses sociales, telles que Medicaid. Il prévoit également le financement d’une politique migratoire plus stricte, tout en réduisant les investissements dans la transition énergétique.

Présenté dans une rhétorique flamboyante, le texte incarne une volonté de restructurer l’économie américaine selon des priorités conservatrices, tout en consolidant l’autorité présidentielle.

Une portée politique et symbolique majeure

Ce projet de loi est crucial, tant sur le fond que sur le plan symbolique, note CNN. Son mélange de réductions fiscales et de coupes dans la protection sociale pourrait avoir des conséquences politiques durables, tant pour l’héritage de Trump que pour le Parti républicain. Il concrétise plusieurs promesses de campagne, en prétendant offrir de nouveaux avantages aux travailleurs américains. Mais il favorise, de manière marquée, les plus fortunés.

Le projet s’inscrit dans une séquence politique dense : quelques jours après avoir ordonné des frappes en Iran, suspendu l’escalade militaire au Proche-Orient et salué une décision de la Cour suprême étendant ses prérogatives présidentielles, Trump espère faire adopter ce texte avant le 4 juillet. L’opposition démocrate, bien que minoritaire dans les deux chambres, dénonce une politique fiscale injuste et antisociale, pénalisant une classe ouvrière déjà confrontée à l’inflation.

Une adoption par étapes… mais probable

Le Sénat a entamé l’examen du texte samedi soir, adoptant de justesse la motion d’ouverture (51 voix contre 49, dont deux républicains dissidents). Un vote que Donald Trump a salué comme une « grande victoire » sur Truth Social, ajoutant : « Les républicains doivent se souvenir qu’ils affrontent des gens très corrompus, incompétents, qui préfèrent voir le pays s’effondrer plutôt que de faire ce qui est juste. »

Les travaux se poursuivent dans un marathon parlementaire qui pourrait aboutir à un vote final ce lundi. La Chambre des représentants disposera alors de peu de temps avant la pause législative. Or, le texte a été largement modifié par les sénateurs par rapport à la version initiale, rendant les négociations finales délicates.

Malgré tout, l’adoption semble probable. Trump bénéficie d’un fort soutien interne, et un compromis sur la fiscalité locale a permis d’apaiser la fronde des républicains modérés de la Chambre, dont le soutien est crucial pour conserver la majorité. Pour le camp républicain, ce texte est la pierre angulaire du second mandat, traduisant les engagements pris lors de la dernière élection.

Le point de tension : Medicaid

L’enjeu le plus controversé concerne Medicaid. Le projet vise à transférer une plus grande partie du financement de ce programme de santé fédéral vers les États, tout en introduisant de nouvelles conditions d’accès. Les républicains affirment que la réforme renforcera l’efficacité et garantira la viabilité du système. Mais les critiques ne manquent pas, y compris dans leurs propres rangs.

La Maison-Blanche dément tout désengagement du financement social, évoquant une volonté de lutte contre la fraude et les gaspillages. Mais les coupes envisagées, notamment dans l’aide alimentaire pour les foyers modestes, offrent un angle d’attaque que les démocrates comptent bien exploiter.

Des démocrates vent debout

Le Parti démocrate dénonce une extension des baisses d’impôts du premier mandat de Trump, qualifiée de « cadeau fiscal aux amis fortunés du président ». Selon eux, les réductions dans Medicaid fragiliseraient l’accès aux soins dans les zones rurales et porteraient atteinte aux travailleurs.

« Ce projet repose sur des coupes massives, notamment dans le domaine de la santé, pour offrir aux plus riches des réductions fiscales disproportionnées. Ce n’est pas juste », a déclaré le sénateur Mark Warner (Virginie) à CNN. « Plus nous parviendrons à faire passer ce message, plus cette réforme deviendra un fardeau politique. »

Cette confrontation narrative pourrait avoir un impact direct sur les élections de mi-mandat prévues l’an prochain.

Une loi impopulaire

Pratiquement tous les sondages montrent que la proposition est impopulaire. CNN cite quatre enquêtes récentes (Washington Post, Fox News, KFF, Quinnipiac) indiquant une opposition moyenne de 55 % contre 31 % de soutien — soit un écart de 24 points.

Malgré la volonté de Trump de faire adopter le texte rapidement, rien n’est encore garanti. L’image d’une « grande loi » dépendra autant de sa perception publique que de ses effets concrets, souvent plus lents à apparaître.

Un miroir du trumpisme économique

Ce projet de loi illustre l’évolution idéologique du Parti républicain sous l’influence de Trump, entre populisme affiché et politique fiscale inégalitaire. En réalité, les gains les plus importants bénéficient aux hauts revenus, fidèle à la tradition républicaine.

Le texte reflète une Amérique des élites consolidée autour d’un président milliardaire, soutenu par un cabinet de grandes fortunes. Selon plusieurs analyses indépendantes, malgré les déclarations optimistes de la Maison-Blanche sur la croissance et les accords commerciaux, cette réforme pourrait aggraver le déficit public à moyen terme.

En résumé, cette réforme illustre moins une volonté de rigueur qu’une tolérance à l’endettement, au service d’une vision politique conservatrice assumée.

“One Big Beautiful Bill” — la clef de voûte du second mandat Trump?

Le projet de loi constitue le principal levier législatif de Trump pour traduire ses promesses de campagne en mesures concrètes. Alors que bon nombre de ses décrets peuvent être annulés par un successeur démocrate, une réforme votée par le Congrès serait beaucoup plus difficile à détricoter.

Le texte finance notamment des mesures emblématiques : sécurité aux frontières, expulsions de migrants sans papiers, et relance des énergies fossiles. Il prévoit la suppression de nombreuses aides aux énergies renouvelables mises en place par l’administration Biden — qualifiées de « Green New Scam » par les soutiens de Trump.

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