Nicolas Sarkozy suscite la polémique: “Nous avons besoin des Russes et ils ont besoin de nous”

Nicolas Sarkozy et Vladimir Poutine en 2008.
Olivier Mouton
Olivier Mouton Chef news

L’ancien président français plaide en faveur d’une solution diplomatique, d’une Ukraine neutre et de référendums dans les territoires occupés. “Faut-il en rire ou en pleurer?”, ironise Guy Verhofstadt.

Nicolas Sarkozy, l’ancien président français, est en campagne de promotion pour le deuxième tome de ses mémoires, Le Temps des Combats. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que cela fait du bruit. D’une part parce qu’il adoube l’actuel ministre français de l’Intérieur, Gérard Darmanin, pour succéder à Emmanuel Macron en 2027. Mais aussi et surtout parce qu’il suscite la polémique avec ses propos au sujet du conflit en Ukraine.

Dans un entretien au Figaro, Nicolas Sarkozy reste fidèle à la relation ambigüe qu’il avait développée avec le président russe, Vladimir Poutine, quand il était à l’Elysée. « Nous avons besoin des Russes et ils ont besoin de nous », entame-t-il dès le titre de l’article. Le reste est à l’avenant.

« L’Ukraine doit rester neutre »

L’ancien président français va à contre-courant du consensus qui prévaut dans les partis démocratiques selon lequel l’ordre international doit être rétabli et la souveraineté ukrainienne restaurée. Selon lui, le conflit ne pourra être réglé que par « la diplomatie, la discussion ». Soit. Mais les conditions qu’il imagine ne sont pas celles de l’initiative de pax ukrainienne.

Nicolas Sarkozy plaide pour des référendums effectifs dans les parties occupées par la Russie, que ce soit l’Ukraine ou le Donbass, « sous le contrôle de la communauté internationale ». Et s’il se confirme qu’en Crimée, « une majorité de la population s’est toujours sentie russe », qu’il en soit ainsi. Autrement dit : « tout retour en arrière est illusoire ».

L’ancien président de la République estime également que l’Ukraine “doit rester un pays neutre”. “Je ne vois pas en quoi ce serait une insulte”, appuie-t-il. Neutre, c’est-à-dire hors de l’OTAN, mais aussi l’Union européenne. « L’Ukraine est un trait d’union entre l’ouest et l’est, il faut qu’elle le reste », ajoute-t-il.

Verhofstadt : « En rire ou en pleurer ? »

“Faut-il en rire ou en pleurer? Se demande ironiquement l’ancien Premier ministre belge, Guy Verhofstadt, aujourd’hui député européen et fervent défenseur de la cause ukrainienne. M. Sarkozy nous rappelle les erreurs tragiques commises par certains membres de l’establishment politique européen qui nous a mené où nous sommes. La Russie de Poutine est un Etat terroriste. L’Ukraine nous defend et appartient à l’UE et l’OTAN.”

En France, Nicolas Sarkozy est démoli par la gauche… non-mélenchoniste. Invité ce jeudi sur LCI, le député écologiste Julien Bayou a ainsi dénoncé une interview de «lunaire» et «choquante» d’un ancien président devenu selon lui «un influenceur russe». En prenant «le contrepied de la position française sur l’annexion de la Crimée» et en «balay(ant) les crimes de guerre dont sont accusés les Russes et (Vladimir) Poutine», Nicolas Sarkozy commet «une faute terrible», a insisté l’ancien patron d’EELV. « Ses propos sont honteux”, appuie Jérôme Poirot, haut fonctionnaire français, qui fut son conseiller à l’Economie et aux Finances.

Ils sont nombreux à rappeler qu’une enquête préliminaire avait été ouverte contre Nicolas Sarkozy en 2021 par la Parquet national financier pour « trafic d’influence », portant sur un contrat de 3 millions d’euros passé avec le groupe Reso-Garantia.

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