Migration: les barrières se multiplient au sud du Rio Grande
En 2025, la problématique de la migration va également s’intensifier en Amérique latine.
A l’aube de 2025, la migration en Amérique latine reste aussi politiquement délicate et physiquement dangereuse que jamais. La pression migratoire a été mise en évidence en juillet dernier lorsque Nicolás Maduro, le président du Venezuela, a volé les élections et réprimé les manifestants. Aujourd’hui, la victoire de Donald Trump laisse entrevoir la perspective d’expulsions massives et de mesures de répression au niveau du Rio Grande. Peu de pays d’Amérique latine sont aussi sévères, mais les barrières se multiplient néanmoins au sein de la région.
La plus forte augmentation du nombre de migrants en 2025 concernera probablement le Venezuela. Quelque 7 millions de personnes ont quitté le pays au cours de la dernière décennie. Après l’investiture de Nicolás Maduro en janvier, d’autres partiront, surtout si Trump renforce encore les sanctions économiques. La plupart des Vénézuéliens qui ont quitté le pays depuis 2015 sont restés en Amérique latine. La Colombie en accueille à elle seule 2,5 millions. D’autres tenteront de rejoindre les États-Unis.
Des migrants ont également de nombreuses raisons de quitter d’autres pays. Haïti est toujours envahi par les gangs, malgré l’arrivée d’une force de police internationale dominée par le Kenya. L’économie cubaine est en difficulté, même selon ses propres critères. Cubains et Haïtiens sont historiquement les plus susceptibles de se diriger vers les États-Unis, même si, au cours de la dernière décennie, de nombreux Haïtiens se sont dirigés vers le Chili, tandis que certains Cubains se sont rendus au sud, au Brésil ou en Uruguay. De plus en plus d’Équatoriens, ébranlés par la violence endémique des gangs, quittent également leur pays. Au Salvador, la répression sécuritaire du président Nayib Bukele a atténué l’une des raisons d’émigrer, mais la morosité de l’économie, qui devrait se poursuivre en 2025, en renforce une autre.
Les routes migratoires changent
Les Latino-Américains ne sont pas les seuls à émigrer sur le continent. Des Chinois, des Indiens et des Africains tentent également d’atteindre les États-Unis en prenant l’avion dans la région et en marchant vers le nord. Plus de 37.000 Chinois ont été repérés par les patrouilles à la frontière sud des USA en 2024. Certains restent aussi en Amérique latine. Le Mexique a accordé 5.000 visas de résidence temporaire à des immigrants chinois en 2023.
Les gouvernements d’Amérique latine intensifieront leurs propres mesures de répression à l’égard des migrants en 2025. Au Panama, le nouveau gouvernement est moins favorable à ceux qui arrivent de Colombie par le bouchon du Darién et a augmenté le nombre de vols d’expulsion. Le Chili, une destination importante pour les Vénézuéliens, organisera des élections en 2025, et penchera probablement vers la droite, qui limitera davantage l’immigration. Il est également de plus en plus difficile pour les Vénézuéliens d’entrer au Pérou, qui accueille déjà 1,5 million d’entre eux.
Les routes migratoires changent également. Davantage de migrants, en particulier en provenance de l’extérieur de la région, pourraient prendre l’avion pour le Nicaragua afin d’éviter le bouchon du Darién avant de se diriger vers le nord. Les mesures de répression prises par le Panama pousseront d’autres migrants à emprunter des itinéraires maritimes dangereux et à tomber entre les mains de trafiquants sans scrupules. Des tragédies, hélas, ne tarderont pas à s’ensuivre.
Par Kinley Salmon, correspondant pour l’Amérique latine de “The Economist”
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