Malgré les tensions commerciales, l’économie espagnole reste dynamique

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Portée par une forte progression de ses exportations et un niveau d’investissement et de consommation élevé, l’économie espagnole a confirmé son dynamisme au deuxième trimestre, malgré le climat d’incertitude provoqué par la hausse des droits de douane américains.

Selon une estimation provisoire publiée mardi publiée mardi par l’Institut national des statistiques (INE), le produit intérieur brut (PIB) espagnol a progressé de 0,7% entre avril et juin, soit 0,1 point de plus qu’au trimestre précédent (0,6%).

Ce chiffre est supérieur aux attentes de la Banque d’Espagne, qui prévoyait une croissance comprise entre 0,5% et 0,6%. Il confirme le dynamisme de la quatrième économie de la zone euro, qui a enchaîné huit trimestres consécutifs avec une hausse du PIB supérieure à 0,6%. “L’économie espagnole a conservé son dynamisme” au deuxième trimestre, s’est félicité dans un message vidéo le ministre de l’Economie, Carlos Cuerpo. “Cela nous place en tête des économies avancées non seulement en Europe, mais aussi au niveau international”, a-t-il ajouté.

Selon l’INE, la croissance a été tirée au cours des derniers mois par les exportations, qui ont progressé de 1,1% par rapport au trimestre précédent, malgré les effets de la guerre commerciale déclenchée par la hausse des droits de douane américains. Elle a également été dopée par l’investissement des entreprises — qui a bondi de 2,1%, avec une forte hausse dans le secteur de la construction — et par la consommation des ménages, qui a progressé de 0,8%, après avoir déjà grimpé de 0,6% entre janvier et mars.

“Locomotive de la zone euro”

En rythme annualisé, la croissance espagnole s’affiche en hausse de 2,8%. Une dynamique qui place l’Espagne dans une position confortable pour atteindre les 2,6% de croissance attendus sur l’ensemble de l’année 2025 par le gouvernement du Premier ministre socialiste Pedro Sanchez.

L’économie espagnole fait encore figure de “locomotive de la zone euro, et vient compenser une croissance plutôt faible dans plusieurs autres économies européennes, comme l’Allemagne ou la France”, souligne auprès de l’AFP Pedro Aznar, professeur d’économie à l’école de commerce Esade.

“Bonne direction”

Selon l’INE, la croissance espagnole a permis au nombre de demandeurs d’emploi de reculer fortement ces derniers mois: le taux de chômage est ainsi retombé à 10,29% de la population fin juin, soit son plus faible niveau depuis la crise financière de 2008.

La baisse du chômage, portée par un nombre élevé de créations d’emplois, devrait se poursuivre au cours des prochains trimestres, selon l’exécutif. “Nous avons toujours un taux de chômage trop élevé”, notamment “pour les jeunes”, mais “nous allons dans la bonne direction”, a jugé M. Cuerpo.

Selon la Banque d’Espagne, la croissance espagnole devrait atteindre 2,4% cette année. Cette prévision est proche de celle du Fonds monétaire international, qui a revu mi-avril ses attentes à 2,5% (+0,2 point), malgré la hausse des droits de douane décidée par Donald Trump.

L’impact sur la croissance de ce bras de fer commercial, qui a débouché dimanche sur un accord autour d’une taxe de 15% sur les produits européens exportés aux Etats-Unis, ne devrait pas être “significatif” en 2025, avait assuré Carlos Cuerpo mi-juin à l’AFP.

Exposition faible

L’exposition de l’Espagne est en effet “faible par rapport à plusieurs de nos partenaires européens, car à peine 5% des exportations espagnoles se font en direction des Etats-Unis”, avait rappelé le ministre, qui avait néanmoins appelé à la prudence, en raison des “effets indirects” de ce conflit commercial.

“Les droits de douane de 15%, bien qu’inférieurs aux 30%” un temps évoqué par Donald Trump, “auront un effet” sur l’économie espagnole, abonde Pedro Aznar, pour qui “l’incertitude géopolitique génère une volatilité sur les marchés qui peut également se répercuter sur l’économie réelle”.

D’après la Banque d’Espagne, l’Espagne a exporté l’an dernier pour 16,2 milliards de biens aux Etats-Unis, son sixième partenaire commercial. Un niveau inférieur à celui de ses importations en provenance de ce pays, qui ont atteint 26,8 milliards d’euros.

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