“Make Europe economy great again!”: fameux défi, qui passe par le marché financier
Les Ving-Sept vont consacrer un sommet extraordinaire aux remèdes pour sauver notre compétitivité: un New Deal. La présidence belge est à la baguette pour prolonger le marché unique. Mais attention aux règles budgétaires.
Renforcer le marché unique pour doper notre compétitivité. Trouver des moyens pour financer les défis gigantesques auxquels nous faisons face en terme de transition verte, de vieillissement de la population et de défense collective. Voilà ce qui se trouve au menu d’un sommet européen extraordinaire, convoqué la semaine prochaine dans le cadre de la présidence belge de l’Union européenne.
Un Pacte pour la compétitivité
La solution? Elle se trouve sur la table, notamment nourrie par un rapport rédigé par l’ancien Premier ministre italien Enrico Letta. Il s’agit de mettre en place un New Deal, un Pacte pour la compétitivité européenne prévoyant un renforcement du marché unique, mais aussi un véritable marché des capitaux européens. L’esprit de Jacques Delors reviendra-t-il sur cette Europe bien plus diverse qu’en 1992?
Enrico Letta résume le propos en singeant le candidat à l’élection présidentielle américaine, Donald Trump: “Make Europe Economy Great Again!”. Un slogan en devenir.
Pour réussir ce pari, bien des contradictions devront être surmontées. Comment réussir ensemble alors que la concurrence entre Etats européens reste bien trop vive? Comment dégager des moyens alors que les contraintes budgétaires reviennent à l’agenda, avec le retout des règles… européennes?
Utiliser notre réserve d’argent privé
Le paradoxe ultime, souligne l’ancien chef d’Etat italien, c’est que nous disposons collectivement de moyens que l’on n’utilise pas. “On a une énorme réserve d’argent privé en Europe“, dit-il, à savoir les quelques 300 milliards d’épargne qui servent surtout… les Etats-Unis, qui en profitent pour doper leur économie et renforcer leurs entreprises.
“Le sujet central, insiste le rapporteur européen, c’est d’intégrer notre marché financier pour que cet argent puisse être mobilisé pour la transition et ses coûts.” Prolonger le marché unique, donc, dans des domaines où il reste un tabou: l’énergie, les finances, les connexions et les télécoms. Or, l’urgence et la pression des industriels notamment, pour lever les réticences. Idem pour la défense: la nécessité de remettre en selle notre sécurité collective doit en priorité servir l’économie européenne.
Le Premier ministre belge, Alexander De Croo (Open VLD), endosse la perspective. “Le Pacte vert nécessite mille milliards d’euros par an, sur 25 ans. Ce ne sera possible que si on accède au capital privé.”
La route est tracée. Elle devra surmonter les réticences de certains au sein de l’Union, passer la rampe des élections européennes, à l’issue desquelles les populistes pourraient être renforcés, puis de la présidence hongroise de l’Union qui suivra la belge. Mais a-t-on le temps d’attendre?
Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici