Macron critique la faiblesse stratégique de l’UE dans l’accord commercial avec les États-Unis

Emmanuel Macron, actuel président français THIBAUD MORITZ/Pool via REUTERS © via REUTERS

Emmanuel Macron déplore que l’Union européenne n’ait pas pesé suffisamment dans les négociations avec Washington. Le président français appelle à plus de fermeté et d’exigence pour rééquilibrer les échanges, notamment dans les services.

L’accord commercial entre l’Union européenne et les États-Unis, annoncé dimanche, continue de susciter des réactions. En Conseil des ministres ce mercredi, Emmanuel Macron a exprimé pour la première fois son point de vue, regrettant un manque de crédibilité et de poids stratégique du bloc européen dans les négociations. Le président français s’est montré critique sur la posture de l’UE, tout en défendant l’exigence diplomatique française et la nécessité de mieux protéger les intérêts économiques européens.

Une Europe pas assez redoutée selon Paris

« L’Europe ne se vit pas encore suffisamment comme une puissance. Pour être libres, il faut être craints. Nous n’avons pas été assez craints », a déclaré Emmanuel Macron, selon des propos rapportés par des participants à la réunion ministérielle. Cette remarque cible le déficit d’influence de l’UE dans un contexte commercial marqué par le retour au protectionnisme américain. Face à Donald Trump, la position européenne aurait manqué de fermeté, aux yeux du chef de l’État. Celui-ci a réaffirmé la ligne de Paris : « La France a toujours tenu une position de fermeté et d’exigence. Elle continuera de le faire. Ce n’est pas la fin de l’histoire et nous n’en resterons pas là. »

Des enjeux de rééquilibrage commercial

Macron a souligné que l’accord n’était pas définitif. Il a insisté sur la possibilité d’obtenir « de nouvelles exemptions » dans les discussions à venir, qui viseront à formaliser les termes de l’accord. Le président français appelle ainsi à « œuvrer sans relâche au rééquilibrage de nos échanges, notamment dans les services », un secteur dans lequel l’excédent structurel des États-Unis reste un sujet sensible pour les Européens. Si le chef de l’État reconnaît que les négociations ont été menées « dans des conditions difficiles », il estime néanmoins que l’accord présente un intérêt immédiat en termes de stabilité économique. Il « offre de la visibilité et de la prévisibilité à court terme », et « préserve les intérêts français et européens » sur des « filières exportatrices majeures » telles que l’aéronautique.

Une mise en scène politique contestée

Au-delà du fond, Paris a également critiqué la manière dont l’annonce de l’accord a été orchestrée. Le président américain Donald Trump est apparu triomphant aux côtés de la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen, ce qui a renforcé, selon l’Élysée, une perception d’asymétrie dans la relation transatlantique. Cette communication à sens unique contraste avec l’exigence de souveraineté économique défendue par la France dans les enceintes européennes.

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