L’Ukraine ira-t-elle jusqu’à Moscou? “Notre but, c’est d’aller le plus vite et le plus loin possible”
L’incursion ukrainienne dans la région de Koursk aurait déjà permis de contrôler 1000 km2. Les Russes sont sidérés. Le but n’est “pas d’annexer des territoires russes”, affirme le régime de Kiev. Mais bien d’étirer le front, de fragiliser Poutine, de regonfler le moral et obtenir une “paix juste”.
L’Ukraine continue à avancer en territoire russe, dans la région de Koursk. Aussi improbable que cela puisse paraître. A l’envoyé spécial du Monde qui l’accompagne, un soldat assène: “Notre but, c’est d’aller le plus vite et le plus loin possible. On n’a pas le temps de s’arrêter.” Les différentes brigades ukrainiennes déployées dans le secteur seraient parvenues à s’enfoncer jusqu’à 30 kilomètres dans le territoire russe, rapporte le quotidien.
Les chiffres donnent le tournis: 28 villages occupés, un territoire de 1000 km2 conquis selon les autorités ukrainiennes… La Russie est “sidérée par la première incursion militaire étrangère sur son sol depuis 1945”, commente le correspondant du journal à Moscou. L’offensive a a entraîné la plus grande évacuation de civils russes depuis la deuxième guerre de Tchétchénie: quelque 200 000 personnes auraient été déplacées.
Mais à quoi joue le régime de Kiev? A-t-il intention d’aller jusqu’à Moscou? Cela semblé évidemment irréaliste, le président russe Vladimir Poutine envoie des renforts pour les “expulser” du territoire. Mais alors?
Pas d’annexion de territoires
L‘Ukraine ne cherche pas à “annexer” des territoires russes, a assuré mardi le porte-parole du ministère ukrainien des Affaires étrangères, Georguiï Tykhiï, en évoquant les opérations militaires en cours depuis une semaine dans la région russe de Koursk.
“Contrairement à la Russie, l’Ukraine n’a pas besoin de la propriété d’autrui. L’Ukraine ne souhaite pas annexer de territoire de la région de Koursk, mais elle veut protéger la vie de son peuple”, a déclaré le diplomate lors d’une conférence de presse rapportée par l’AFP.
Selon les données fournies par l’Institut américain pour l’étude de la guerre (ISW), qui fait référence, l‘Ukraine contrôlait plutôt, lundi soir 800 km2, dans la région russe de Koursk. Cela reste considérable.
Elargir le front et forcer une “paix juste”
Selon les troupes ukrainienne sur le terrain, le but de cette offensive surprise est bien de déstabiliser autant que possible le régime de Moscou. “Notre but, c’est de créer la panique dans l’armée russe”, indique un soldat au Monde, avant d’ajouter avec conviction que là-bas, en Russie, “c’est le chaos total”.
Regonfler le moral, aussi. « Il y a encore une semaine, les gens étaient déprimés. Mais aujourd’hui, le moral est monté d’un cran. Les soldats sont dans un bon état d’esprit. Ils voient qu’on peut avancer, qu’on peut faire des choses…”
Mais de façon plus réaliste, il s’agit surtout d’étirer le front et de mobiliser les énergies russes sur d’autres terrains, alors que l’armée ukrainienne est à la peine dans le Donbass. Selon certains experts, les moyens humains de la Russie restent considérables, mais souffrent tout de même des lourdes pertes subies ces dernières semaines.
Surtout, il s’agit d’induire un autre rapport de force, alors que Moscou est invité à une nouvelle conférence pour la paix. L’Ukraine affirme qu’elle s’arrêtera si Moscou accepte une “paix juste”. Rien ne dit que Poutine soit sensible à ce langage de la force.
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