L’annonce de droits de douane jusqu’à 100 % sur les médicaments importés, brandie par Donald Trump, se heurte au plafond de 15 % acté cet été entre l’UE et Washington. Un risque majeur pour une filière clé en Belgique.
La décision de Donald Trump d’imposer, dès le 1ᵉʳ octobre, des droits de douane pouvant grimper jusqu’à 100 % sur les médicaments importés ravive le spectre d’une guerre commerciale entre Bruxelles et Washington. L’annonce, formulée jeudi par le président américain sur sa plateforme Truth Social, vise les produits pharmaceutiques de marque ou brevetés « sauf si une entreprise construit son usine pharmaceutique en Amérique ».
L’UE épargnée
Cet ultimatum entre directement en contradiction avec l’accord commercial conclu cet été entre l’Union européenne et les États-Unis, qui fixe un plafond de 15 % sur les droits de douane applicables aux exportations européennes, dont les médicaments. « Ce niveau maximal constitue l’assurance qu’aucun droit supplémentaire ne sera appliqué », a réaffirmé vendredi Olof Gill, porte-parole de la Commission européenne chargé des questions commerciales. L’UE, ajoute-t-il, « reste à ce jour le seul partenaire commercial à avoir obtenu un tel résultat » avec Washington.
Cette volte-face de la Maison-Blanche avait fait réagir essenscia, la fédération belge des entreprises chimiques et pharmaceutiques, en début de journée. « Cette annonce va à l’encontre de l’accord conclu. On ne déclenche pas une guerre commerciale au détriment des patients », déplore son porte-parole Gert Verreth. L’enjeu est de taille : un quart des exportations pharmaceutiques belges prennent la direction des États-Unis et représentent, en valeur, 55 % du total des exportations du pays.
Les inquiétudes persistent
À Bruxelles comme dans les capitales européennes, l’heure est à l’inquiétude. La Fédération européenne des industries pharmaceutiques (Efpia) alerte sur une mesure qui « augmenterait les coûts, perturberait les chaînes d’approvisionnement et empêcherait les patients d’obtenir des traitements vitaux », souligne sa directrice générale Nathalie Moll. L’Efpia appelle à reprendre le dialogue transatlantique pour soutenir la recherche et le développement sans pénaliser les patients ni fragiliser la compétitivité du secteur.