Israël promet de frapper fort après l’attaque de missiles iraniens
L’Iran a tiré mardi environ 180 missiles sur Israël en riposte à l’assassinat des chefs du Hezbollah libanais et du Hamas palestinien, l’armée israélienne menaçant de répondre à cette attaque, la deuxième du genre en six mois.
Israël et son allié américain ont menacé de riposter à l’attaque mardi de l’Iran qui a tiré environ 180 missiles sur le territoire israélien pour venger la mort de ses alliés, les chefs du Hezbollah libanais et du Hamas palestinien. Cette attaque iranienne, le deuxième du genre en près de six mois, “aura des conséquences. Nous avons des plans et nous agirons à l’endroit et au moment que nous aurons décidés”, a averti le porte-parole de l’armée israélienne, Daniel Hagari.
Les Etats-Unis, qui ont aidé leur allié à “abattre les missiles” iraniens, ont dit vouloir “coordonner” avec les Israéliens une réponse à l’Iran, leur ennemi juré. Mercredi, le Conseil de sécurité de l’ONU doit tenir une réunion d’urgence pour discuter de l’escalade des hostilités au Moyen-Orient. En pleine attaque iranienne, des missiles d’interception ont été tirés par l’armée israélienne au-dessus de Jérusalem contre des projectiles, visibles à leurs traces lumineuses, ont constaté des journalistes de l’AFP. Des dizaines de détonations ont été entendues et des explosions étaient visibles dans le ciel. Les sirènes d’alerte ont retenti à travers le territoire israélien et l’espace aérien israélien a été fermé pendant l’attaque.
Un grand nombre de missiles interceptés
Il y a eu deux blessés légers en Israël, selon les secours. Un Palestinien a été tué à Jéricho en Cisjordanie occupée par des éclats de missile, selon un responsable palestinien. Lorsque les sirènes ont retenti, des centaines de personnes à la gare routière centrale de Jérusalem-Ouest ont trouvé refuge dans un parking souterrain. Certains ont prié, d’autres consultaient leurs téléphones.
Environ une heure après l’attaque, l’armée a appelé la population à sortir des abris.
“Environ 180 missiles ont été tirés vers le territoire israélien depuis l’Iran”, et un grand nombre ont été interceptés par le système de défense “Dôme de fer”, a indiqué l’armée. Le système de défense aérienne israélien “Dôme de fer” a intercepté des milliers de roquettes depuis sa mise en service en 2011, offrant une protection essentielle en période de conflit. Il a été largement utilisé pour protéger les sites militaires et civils. Israël a d’abord développé seul le “Dôme de fer” après la guerre du Liban de 2006, avant d’être rejoint par les Etats-Unis, qui ont apporté leur savoir-faire en matière de défense et des milliards de dollars de soutien financier. Le système a un taux d’interception d’environ 90%, selon l’entreprise militaire israélienne Rafael, qui a participé à sa conception.
Quel est le coût du ” Dôme de fer” ?
“Le Dôme de fer” est l’un des éléments du système israélien de défense antimissile à plusieurs niveaux. Il est conçu pour abattre des roquettes d’une portée allant jusqu’à 70 kilomètres. Chaque batterie de ce “Dôme de fer” se compose de trois parties principales: un système de détection radar, un ordinateur qui calcule la trajectoire de la roquette entrante et un lanceur qui tire des intercepteurs si la roquette est susceptible de toucher une zone bâtie ou stratégique. Il s’accompagne d’autres systèmes de défense antimissile tels que le système Arrow, destiné à contrer les missiles balistiques, et le système David’s Sling, dont l’objectif est de contrer les attaques de roquettes ou de missiles à moyenne portée.
Chaque intercepteur du Dôme de fer coûte entre 40.000 et 50.000 dollars (37.500 à 46.900 euros) à produire, selon le Centre d’études stratégiques et internationales, basé à Washington. Ce dernier estime qu’un système complet, comprenant le radar, l’ordinateur et trois ou quatre lanceurs – chacun contenant jusqu’à 20 intercepteurs – coûte environ 100 millions de dollars à produire. Israël dispose de 10 systèmes de ce type, selon le groupe américain d’aéronautique et de défense RTX (ex-Raytheon), qui participe à la construction du “Dôme de fer”. Selon d’autres estimations, ce chiffre est légèrement plus élevé.
Israël a prouvé sa capacité à “empêcher l’ennemi de réussir”, a déclaré le chef d’état-major israélien Herzi Halevi. “En réponse aux martyrs d’Ismaïl Haniyeh, Hassan Nasrallah et Abbas Nilforoushan (un adjoint au chef des Gardiens), nous avons visé le coeur des territoires occupés”, ont indiqué les Gardiens de la Révolution, armée idéologique d’Iran, en référence à Israël. Ils ont affirmé avoir frappé “trois bases militaires” situées autour de Tel-Aviv et menacé Israël d’une “riposte écrasante” s’il attaquait l’Iran. Après l’attaque, l’aéroport international de Téhéran a suspendu ses vols.
“Réponse décisive”
L’attaque est une “réponse décisive” à “l’agression” d’Israël, a indiqué le président iranien Massoud Pezeshkian. Israël est en guerre contre le Hamas à Gaza depuis une attaque sans précédent du mouvement islamiste palestinien contre le territoire israélien le 7 octobre 2023. Il combat aussi le Hezbollah libanais qui a ouvert un front contre Israël en soutien au Hamas, son allié, au lendemain du début de la guerre. Vendredi, Hassan Nasrallah a été tué dans un raid dévastateur revendiqué par Israël dans la banlieue sud de Beyrouth. Nilforoushan a péri avec lui. Le 31 juillet, Ismaïl Haniyeh, le chef du Hamas, a été tué dans une attaque alors qu’il se trouvait à Téhéran. L’Iran et le Hamas ont accusé Israël. Des tirs de joie nourris ont éclaté dans la banlieue sud de Beyrouth après l’attaque iranienne, selon un média d’Etat libanais.
Le guide suprême iranien Ali Khamenei a affirmé que la mort de Hassan Nasrallah ne “sera pas vaine” et le premier vice-président iranien Mohammad Reza Aref a averti qu’elle entraînerait la “destruction” d’Israël. Le 13 avril, en riposte à une frappe meurtrière imputée à Israël sur le consulat iranien à Damas, l’Iran a tiré vers Israël quelque 350 drones explosifs et missiles, la première attaque directe du genre, et qui a blessé une fille bédouine. La plupart des missiles ont été interceptés par Israël avec l’aide de pays étrangers, surtout les Etats-Unis.
Le Hamas a salué “les tirs de missiles héroïques de l’Iran”. En revanche, l’Union européenne, l’Espagne, et la Grande-Bretagne ont condamné l’attaque iranienne. Le chef de l’ONU Antonio Guterres a “condamné l’élargissement du conflit” au Moyen-Orient.
Attentat meurtrier à Tel-Aviv
Juste avant l’attaque iranienne, six civils ont été tués dans un attentat à l’arme automatique et à l’arme blanche à Tel-Aviv, mené par deux tireurs qui ont été “neutralisés”, selon la police. Après le coup dévastateur porté au Hezbollah dont plusieurs chefs militaires ont été tués par Israël, et après une semaine de frappes israéliennes qui ont fait des centaines de morts au Liban, Israël a averti que la guerre n’était pas finie contre le mouvement libanais.
Mardi, l’armée israélienne a annoncé des raids au sol contre le Hezbollah dans le sud du Liban et la mobilisation de forces supplémentaires contre ce mouvement. Elle a appelé les habitants de 27 localités du sud du Liban à les évacuer.
La Force intérimaire de l’ONU au Liban, déployée à la frontière avec Israël, a néanmoins assuré ne pas avoir détecté d’incursion israélienne. L’armée libanaise et le Hezbollah ont également nié une telle incursion.
Raids au sol “localisés au Liban”
Selon un responsable israélien, il s’agit de “raids localisés d’une ampleur très limitée”, destinés à “éloigner les menaces contre les communautés civiles du nord d’Israël”, frontalier du sud du Liban et cible des tirs du Hezbollah.
L’armée de l’air israélienne a en outre mené des frappes meurtrières près de Beyrouth et dans le sud du Liban. Le Hezbollah a dit avoir tiré des roquettes vers une base près de Tel-Aviv (centre) et sur le nord d’Israël. Mi-septembre, Israël a intensifié ses frappes contre le Hezbollah, avec l’objectif de faire cesser les tirs de ce mouvement vers son territoire et permettre le retour de dizaines de milliers d’habitants dans le Nord. Plus de 1.000 personnes ont été tuées depuis, selon le ministère libanais de la Santé.