L’Europe, un nain dans la crise au Proche-Orient

Le président français Emmanuel Macron avec le chancelier allemand Friedrich Merz, le 7 mai (Photo by Amaury Cornu / Hans Lucas via AFP)
Olivier Mouton
Olivier Mouton Chef news

Alors que la région est stratégique pour nos pays, les efforts diplomatiques des pays européens restent complètement vains, tant pour Gaza que pour l’Iran. La brutalité est devenue la seule façon d’imposer sa loi au niveau international. L’Europe est le gentil qui applaudit le musclé qui règle son compte aux petites frappes de la classe.

C’est ce qui s’appelle être à contre-courant. Vendredi, une longue discussion de trois heures et demi a eu lieu pour tenter de relancer la diplomatie entre des ministres européens des Affaires étrangères et le ministre iranien Abbas Araghchi.

Les chefs de la diplomatie des trois pays, Johann Wadephul, Jean-Noël Barrot, David Lammy, ainsi que la cheffe de la diplomatie européenne Kaja Kallas, n’ont pas ménagé leurs efforts, une semaine après le début des frappes israéliennes. “Le résultat positif aujourd’hui, nous quittons la salle avec le sentiment que l’Iran est fondamentalement prêt à continuer à discuter de toutes les questions importantes pour nous, Européens”, a déclaré le ministre allemand Johann Wadephul.

Mauvais timing. Avec le recul, voilà qui semble pour le moins décalé. Le lendemain, le président américain Donald Trump décidait de frapper les sites nucléaires avec ses B-2.

Une nouvelle démonstration du fait que l’Europe est désormais un nain dans la crise du Proche-Orient. Et dans le monde.

Une position “impossible”

Ces frappes placent les dirigeants européens dans une position “impossible”, constate le quotidien Le Monde. “Aucun d’eux n’a condamné la décision du président américain de se joindre aux frappes israéliennes, mais celle-ci prend le contre-pied, voire souligne le caractère illusoire, de leurs initiatives diplomatiques pour tenter, ces derniers jours, d’éviter un tel développement”, souligne le quotidien, ce lundi.

La France avait pourtant une place singulière dans la diplomatie dans cette zone du monde. Mais comme en Afrique, elle a perdu de sa superbe et les initiatives du président Emmanuel Macron résonnnent dans le vide.

Après les frappes américaines, le locataire de l’Elysée a appelé dimanche à éviter une “escalade incontrôlée” au Moyen-Orient, en ouverture d’un conseil de défense, après avoir demandé au président iranien d’observer “la plus grande retenue” pour “permettre un retour à la voie diplomatique”.

C’est l’illustration d’une Union européenne qui reste un végétarien dans un monde de carnivores, comme l’avait évoqué Emmanuel Macron lui-même, suggérant que l’on devait au moins devenir des “omnivores”.

La crise ukrainienne et la guerre menée par Israël dans la Bande de Gaza ont déjà témoigné du peu d’impact de la diplomatie européenne. Depuis, et cette semaine encore, il est question de réinvestir encore plus massivement que prévu dans la défense: on parle désormais question de 5% du PIB, à terme.

La dissuasion par la musculation s’impose.

Le “sale boulot”

Dans ce contexte tendu, concernant l’Iran, le chancelier allemand Friedrich Merz avait affirmé que Israël faisait le “sale boulot” en s’attaquant au programme nucléaire iranien. Cette déclaration, cash, a provoqué des remous dans son pays, mais elle est proche du ressenti de nombreux dirigeants.

Dimanche, l’Allemagne a exhorté l’Iran à reprendre les discussions avec les Etats-Unis après les frappes américaines sur des sites nucléaires, qui ont selon Berlin permis d’éliminer “une menace importante” et sont donc “une bonne nouvelle pour le Moyen-Orient”.

Voià qui dit tout. L’Europe est le gentil qui applaudit le musclé qui règle son compte aux petites frappes de la classe.

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