L’Europe réintroduire des tarifs douaniers sur des produits agricoles ukrainiens
Après le vaste mouvement de manifestations des agriculteurs en Europe en début d’année, les négociateurs des Etats membres de l’UE et du parlement européen ont dégagé un accord provisoire dans la nuit de mardi à mercredi pour la réintroduction de droits d’importation sur de nombreux produits ukrainiens.
Après l’invasion russe en Ukraine en 2022, ces droits avaient été abolis pour soutenir l’économie ukrainienne.
Le parlement européen indique que certaines quantités d’œufs, de volaille, de sucre, de maïs, d’avoine, de gruau et de miel pourront être vendues sans droits de douane dans l’Union européenne. Mais une fois ces quotas atteints, les tarifs s’appliqueront à nouveau. Le blé restera exclu de ces nouveaux droits, mais dans certaines circonstances, des mesures pourront être prises concernant cette céréale également.
Selon l’accord provisoire, ces règles s’appliqueront jusqu’en juin de l’année prochaine. Le Parlement et les États membres de l’UE doivent encore approuver formellement l’accord.
Les agriculteurs européens se plaignent de la concurrence des producteurs ukrainiens, qui pèse sur leurs revenus et qu’ils trouvent injuste, l’Ukraine n’étant pas soumise aux règles de l’Union européenne, notamment en matière de bien-être animal.
Ce dossier alimente la colère en particulier en Pologne, où les cultivateurs mécontents bloquent ces dernières semaines des passages frontaliers avec l’Ukraine, comme avec l’Allemagne.
Pour répondre aux préoccupations, la Commission européenne avait proposé de reconduire l’exemption de droits de douane, mais en prévoyant “des mesures correctives” pouvant être rapidement adoptées en cas de “perturbations importantes” sur le marché, y compris si cela ne concerne qu’un seul Etat membre.
Les eurodéputés avaient voté massivement jeudi dernier pour réclamer d’étendre le “plafonnement” aux céréales (blé, orge, avoine, maïs) ainsi qu’au miel.
Les eurodéputés souhaitaient aussi calculer la période de référence sur la moyenne de trois années (2021-2023). Les organisations agricoles critiquaient le fait que le plafonnement proposé par Bruxelles corresponde aux volumes élevés des deux dernières années, à l’origine de la crise.
Les ambassadeurs des Vingt-Sept avaient ensuite eux aussi ouvert la porte lundi à des limitations sur certaines céréales.
Dans d’ultimes négociations, “les eurodéputés ont obtenu de la Commission l’engagement ferme d’agir en cas d’augmentation des importations ukrainiennes de blé”, précise le Parlement. Et Bruxelles sera tenu d’agir “plus rapidement, dans un délai de 14 jours au lieu de 21 jours (comme prévu initialement) si les seuils de déclenchement des mécanismes de sauvegarde sont atteints”.
“En parallèle, le travail est engagé pour permettre aux produits agricoles ukrainiens de retrouver leurs marchés d’origine auxquels le conflit avait un peu fermé l’accès” en Afrique et au Moyen-Orient, pour qu’ils ne restent pas bloqués en Europe, avait insisté mardi une source gouvernementale française.
Les Vingt-Sept avaient assoupli les règles d’importation de produits agricoles ukrainiens comme mesure de soutien à Kiev après l’invasion russe déclenchée en février 2022. L’Ukraine représente une des principales puissances agricoles du continent européen.
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