L’Europe impose jusqu’à 38% de surtaxes sur les véhicules électriques chinois, VW boude
L’Union européenne a décidé d’imposer, à titre conservatoire, jusqu’à 38% de droits de douane supplémentaires sur les importations de véhicules électriques chinois. Cette mesure, appliquée à partir de vendredi, intervient avant une décision définitive prévue pour novembre, suite aux accusations contre Pékin d’avoir illégalement subventionné ses constructeurs automobiles.
Ces droits de douane, qualifiés de “compensateurs”, s’ajoutent aux taxes de 10% déjà en vigueur sur les véhicules fabriqués en Chine. Cette décision fait suite à une vaste enquête antisubventions lancée en octobre 2023. Bruxelles avait annoncé ces nouvelles taxes le 12 juin, tout en entamant des discussions avec Pékin pour tenter de résoudre les problèmes identifiés et éviter une guerre commerciale.
Période de Décision et Dialogue Ouvert
L’exécutif européen dispose maintenant de quatre mois pour décider d’imposer des droits définitifs, qui seraient valables pour cinq ans. Cette période laisse une fenêtre de dialogue ouverte avec la Chine, espérant trouver une solution acceptable pour les deux parties.
Contexte International et Réactions
Cette initiative de l’UE suit les États-Unis, qui ont récemment augmenté leurs droits de douane sur les véhicules électriques chinois de 25% à 100%. L’industrie automobile européenne, traditionnellement dominée par les moteurs essence et diesel, s’inquiète de la concurrence croissante des modèles électriques chinois, qui ont rapidement gagné des parts de marché grâce à des technologies avancées et des prix compétitifs.
Les véhicules électriques chinois représentent maintenant près de 22% du marché européen, contre seulement 3% il y a trois ans. Les marques chinoises comptent pour 8% des véhicules électriques vendus dans l’UE.
Enquête et Subventions Déloyales
D’après les conclusions de son enquête, Bruxelles estime que le secteur des véhicules électriques à batterie en Chine bénéficie de subventions déloyales, posant une menace économique pour les producteurs européens. Des consultations intensifiées avec le gouvernement chinois sont en cours pour trouver une solution.
Imposition des Droits
Bruxelles imposera des droits compensateurs de 17,4% au fabricant chinois BYD, de 19,9% à Geely et de 37,6% à SAIC, basés sur les niveaux de subventions publiques perçues. Les autres constructeurs seront soumis à un droit supplémentaire moyen de 21% s’ils ont coopéré à l’enquête, ou de 37,6% dans le cas contraire.
Réactions des États Membres et Conséquences
L’Allemagne, avec des intérêts commerciaux significatifs en Chine, avait tenté de minimiser les sanctions, craignant des représailles, contrairement à la France et l’Espagne, qui ont soutenu des mesures proportionnées. Ces droits “compensateurs” visent à freiner, mais non bloquer totalement, les importations de véhicules électriques chinois, conformément aux règles de l’Organisation mondiale du commerce (OMC).
Tensions Commerciales et Répercussions
La Chine a réagi en dénonçant un comportement “protectionniste” et a menacé de prendre des mesures pour défendre ses droits légitimes. Cette confrontation s’inscrit dans un contexte plus large de tensions commerciales entre les pays occidentaux et la Chine, cette dernière étant accusée de pratiques déloyales dans divers secteurs comme les éoliennes, les panneaux solaires et les batteries.
Impact sur l’Industrie Automobile
L’industrie automobile chinoise, qui a surpassé le Japon en tant que premier exportateur automobile l’année dernière, a investi massivement dans les technologies de batteries, cruciales pour les véhicules électriques. En Europe, les marques chinoises ont rapidement gagné du terrain grâce à des prix compétitifs et une adoption rapide des nouvelles technologies.
Cette série de mesures vise à protéger l’industrie automobile européenne, qui emploie 14,6 millions de salariés, tout en évitant un conflit commercial majeur avec son deuxième partenaire économique, après les États-Unis.
VW boude
Le premier constructeur automobile européen Volkswagen a déclaré “rejeter” les droits de douane supplémentaires sur les importations de véhicules électriques chinois imposés jeudi par l’UE, que le groupe allemand juge “préjudiciables”.
“Les effets négatifs de cette décision l’emportent sur les avantages possibles pour l’industrie automobile européenne et en particulier pour l’Allemagne”, a déclaré le groupe, alors que les constructeurs automobiles allemands, qui exportent leurs modèles en Chine, craignent des représailles de Pékin.
Les véhicules électriques à batterie en provenance de Chine seront soumis à une surtaxe allant de 17 jusqu’à 37,6% lorsqu’ils seront importés dans l’Union européenne, a annoncé jeudi la Commission européenne. Ces tarifs s’ajouteront aux taxes douanières actuelles de 10%.
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