L’Europe en tête de l’innovation dans les technologies propres
Alternatives aux plastiques, transports, gestion de l’eau… l’Europe, talonnée par la Chine, fait la course en tête en matière d’innovation dans les “technologies propres”, mais reste freinée par des difficultés d’accès aux financements, selon un rapport publié vendredi par l’Office européen des brevets (OEB) et la Banque européenne d’investissement (BEI).
Entre 1997 et 2021, plus de 750.000 inventions liées aux technologies propres et durables (décarbonation, dépollution de l’air et de l’eau, adaptation au réchauffement, etc) ont été publiées dans les 39 pays de l’OEB, une catégorie représentant près de 12% du total des inventions.
Sur la période 2017-2021, les 39 États de l’OEB ont contribué à 27% de l’ensemble des inventions mondiales “à haute valeur” dans le domaine des technologies propres (pour lesquelles des demandes de brevets ont été déposées auprès d’au moins deux offices de brevets dans le monde).
La Chine suit avec 15% du total, mais elle ne cesse de progresser, selon le rapport: sur la seule année 2021, les Européens ont déposé 14.000 brevets, et la Chine déjà 12.000; viennent ensuite les Etats-Unis et le Japon.
Le mouvement a connu une accélération depuis 2016, une nouvelle catégorie de technologies (hydrogène, batteries…) prenant le relais d’autres plus matures comme les énergies renouvelables, explique à l’AFP Yann Ménière, chef économiste de l’OEB.
De grands groupes industriels
L’accord de Paris sur le climat signé fin 2015 et les nouveaux objectifs des pays ont joué, souligne-t-il, citant le cas des constructeurs automobiles qui “ont compris qu’il fallait bouger”.
En Europe, l’Allemagne, la France et le Royaume-Uni sont les principaux contributeurs.
Le continent bénéficie de la force de grands groupes industriels (dans l’efficacité énergétique, l’eau, l’aviation, l’automobile…), d’un cadre réglementaire contraignant et d’un marché unique européen jouant le rôle de catalyseur.
Des obstacles
Mais le rapport pointe aussi des freins, alors que la grande majorité des entreprises qui déposent des brevets dans ce domaine comptent moins de 5.000 employés: start-up et petites entreprises déplorent des difficultés d’accès aux financements, et les plus grandes (moins de 5.000 salariés) souffrent de l’incohérence des réglementations y compris au sein de l’UE.
Le défi est de “faire émerger une génération d’entreprises, et là on se heurte au passage à l’échelle”, dit M. Ménière.
L’enjeu principal réside dans la mise en contact entre les investisseurs et les start-up de haute technologie.
L’organisme salue aussi la création en juin dernier d’un “brevet uniforme” commun à 17 Etats de l’UE.