L’essoufflement de la reprise économique se confirme en Chine
La reprise post-Covid tant espérée après la levée des restrictions sanitaires fin 2022 tend ces dernières semaines à s’essouffler dans la deuxième économie mondiale, tandis qu’elle peine à se concrétiser dans certains secteurs.
L’essoufflement de la reprise en Chine s’est confirmé jeudi avec un nouveau record du taux de chômage chez les jeunes en mai et une série d’indicateurs économiques décevants, au moment où nombre d’économistes plaident pour un plan de relance.
De nouveaux chiffres officiels publiés jeudi par le Bureau national des statistiques (BNS) confortent cette tendance.
Le mois dernier, un jeune Chinois sur cinq était ainsi au chômage, soit un taux de 20,8% et un nouveau record dans le pays asiatique.
Ce taux, qui concerne les 16-24 ans, ne cesse de progresser ces derniers mois et avait déjà atteint 20,4% en avril. Le taux pour l’ensemble de la population active est en revanche inchangé sur un mois (5,2%).
En Chine, le chômage est calculé pour les seules zones urbaines et ne dresse par conséquent qu’un tableau partiel de la situation.
Pour leur part, les ventes au détail, principal indicateur de la consommation des ménages, connaissaient en mai un tassement.
Cet indicateur très suivi par les marchés a augmenté le mois dernier de 12,7% sur un an, mais à un rythme bien inférieur à celui d’avril (18,4%).
Des analystes interrogés par l’agence Bloomberg s’attendaient à un ralentissement plus modéré (13,7%), malgré le retour des clients dans les centres commerciaux et les restaurants depuis la levée des restrictions sanitaires en décembre.
Baisse de taux
La faiblesse de la demande intérieure, en dépit d’une inflation quasi nulle, est par ailleurs un frein à la reprise.
La production industrielle a elle aussi ralenti en mai (+3,5% sur un an).
Elle avait encore progressé de 5,6% un mois plus tôt, au moment où les usines retrouvaient progressivement leur pleine capacité.
Les analystes avaient anticipé ce tassement.
Pour sa part, l’investissement en capital fixe a lui ralenti pour s’afficher en hausse de 4% sur un an sur les cinq premiers mois de l’année (contre 4,7% précédemment).
Il s’agit d’un indicateur des dépenses consacrées à l’immobilier, aux infrastructures, aux équipements ou encore aux machines, des secteurs sur lesquels le gouvernement s’est appuyé pour stimuler l’activité.
Le pouvoir vise cette année “environ 5%” de croissance, un rythme qui serait l’un des plus faibles depuis des décennies pour le géant asiatique.
Pour soutenir la croissance, la banque centrale chinoise a abaissé jeudi un taux de référence pour les prêts à moyen terme.
“Préoccupation croissante”
La décision permet de réduire les coûts de financement des banques commerciales pour les encourager à accorder davantage de crédits à des conditions plus favorables et donc à soutenir l’économie.
Le taux d’intérêt pour les prêts à un an de la banque centrale aux établissements financiers (MLF) est réduit à 2,65% contre 2,75% auparavant.
Cette réduction “ne fera pas une grande différence” mais elle “traduit la préoccupation croissante des décideurs politiques quant à la santé de la reprise économique”, relève l’analyste Julian Evans-Pritchard, du cabinet Capital Economics.
Elle permet néanmoins d’injecter dans l’économie 237 milliards de yuans (30,6 milliards d’euros), selon la banque centrale qui avait déjà réduit mardi à la surprise des analystes son taux d’intérêt directeur à court terme.
La reprise en Chine reste “fragile” et elle demeure conditionnée au “soutien” des pouvoirs publics, a estimé mercredi la Banque mondiale, au moment où certains économistes plaident pour un plan de relance pour stimuler la croissance.
“Pour que la reprise économique soit durable, un coup de pouce significatif du gouvernement est nécessaire“, estime l’économiste Zhiwei Zhang, de Pinpoint Asset Management.
Mais les autorités semblent pour l’heure écarter cette option.
L’économie reste handicapée par le surendettement du secteur immobilier (un traditionnel moteur de croissance), une confiance des consommateurs en berne et le ralentissement économique mondial qui pénalise la demande en biens chinois.