L’ONU, qui fait face à des contraintes budgétaires accrues, pourrait réduire les effectifs du Secrétariat de 20%, soit environ 6.900 postes supprimés, dans le cadre de la réforme engagée pour rendre l’organisation plus efficace, selon un mémo interne vu par l’AFP jeudi.
L’ONU fait face depuis des années à une crise de liquidités chronique, liée au fait que certains Etats membres ne paient pas la totalité de leur contribution, et que d’autres ne paient pas à temps. Ainsi, les Etats-Unis, premiers contributeurs au budget ordinaire de l’ONU (à hauteur de 22% selon la quote-part fixée par l’Assemblée générale), accumulaient fin janvier des arriérés de 1,5 milliard de dollars, selon un porte-parole de l’ONU. Et en 2024, la Chine, deuxième contributeur (20%), n’a payé son dû que fin décembre.
La menace persistante des coupes américaines
A ces problèmes de liquidités s’ajoutent les craintes de baisses de financements de l’administration de Donald Trump. De nombreuses agences de l’ONU sont déjà frappées par les coupes massives dans l’aide américaine à l’étranger, alors que les Etats-Unis représentent normalement près d’un quart de tous les financements.
Dans le cadre de l’initiative “ONU80” destinée à améliorer l’efficacité de l’organisation dans un contexte budgétaire difficile, le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a récemment prévenu que des changements “douloureux” s’annonçaient, y compris en termes d’effectifs, évoquant un chiffre de 20%.
Pour certains, l’organisation veut maintenant montrer qu’elle prend cette démarche au sérieux, dans l’espoir que les États-Unis débloqueront finalement plus d’argent.
“Le secrétaire général a fixé un objectif ambitieux, atteindre une réduction significative (entre 15% et 20%) du budget ordinaire pour 2026, y compris une réduction de 20% des postes pour le Secrétariat”, écrit le contrôleur des finances de l’ONU Chandramouli Ramanathan dans ce message adressé cette semaine à des dizaines de chefs de départements.
Le budget ordinaire de l’ONU pour 2025 se monte à 3,7 milliards de dollars. Le Secrétariat, un des organes principaux chargé de nombreuses tâches confiées par l’Assemblée générale ou le Conseil de sécurité, employait fin 2023 quelque 35.000 personnes principalement à New York, mais aussi à Genève, Vienne ou Nairobi.
Premiers pas vers une restructuration en profondeur
Le mémo daté du 27 mai demande à tous les chefs de département de dresser d’ici le 13 juin leur liste respective de postes à supprimer, en se concentrant sur les chevauchements, les duplications ou les fonctions “non critiques”.
“Je compte sur votre coopération pour cet effort collectif”, écrit Chandramouli Ramanathan, reconnaissant un “calendrier serré”.
Les réductions d’effectifs, s’ils sont approuvés par l’Assemblée générale qui devra adopter le budget 2026, entreront en vigueur le 1er janvier 2026 pour les postes déjà vacants, plus tard et en accord avec les règles internes pour les postes occupés.
Le mémo précise que des agences comme le Haut commissariat pour les réfugiés, l’agence de l’ONU pour les réfugiés palestiniens (Unrwa) et ONU-Femmes, qui reçoivent des financements du budget régulier de l’ONU, recevront des instructions séparées.