Les investisseurs délaissent les actions américaines pour les actions européennes. Et cette tendance ne se limite pas qu’aux marchés boursiers, les consommateurs cherchent aussi à éviter de plus en plus les produits américains.
La politique commerciale chaotique du président américain Donald Trump a provoqué une vague de ventes à Wall Street. En quelques mois, l’euphorie a laissé place à la crainte d’une récession. L’indice américain S&P 500 a chuté de près de 9 % depuis son sommet du 19 février. L’indice technologique Nasdaq a perdu 13 % depuis cette même date. Mais même si, à cette date, les investisseurs européens avaient transféré leurs fonds vers des actions européennes, la confiance des investisseurs américains restait inébranlable.
Aujourd’hui, selon la dernière enquête de la banque d’investissement Bank of America, qui évalue la tendance des marchés auprès des gestionnaires de patrimoine, même les grands investisseurs américains se désengagent massivement des actions américaines. Selon Bank of America, il s’agit du plus important transfert de capitaux enregistré ces quatre dernières années. En effet, il faut remonter à juillet 2021 pour retrouver un tel afflux de fonds américains vers les européens.
Le réflexe européen
Il y a quelques semaines, Salling Group, la plus grande chaîne de supermarchés du Danemark, a annoncé la mise en place d’un label pour les produits européens. Selon le la chaîne, cette initiative répond à une demande croissante des consommateurs. Grâce à la présence d’un pictogramme sur l’étiquette de prix, les Danois, qui le souhaitent, peuvent désormais privilégier les produits fabriqués en Europe. Depuis cette annonce, les médias locaux multiplient les reportages sur des consommateurs remplissant leurs caddies de produits européens, et ce afin d’exprimer leur opposition au projet de Trump d’annexer le Groenland, un territoire danois.
Salling Group opère en tant que discounter sous l’enseigne Netto au Danemark, en Pologne et en Allemagne. Au Danemark, l’entreprise possède également des supermarchés sous les marques føtex et Bilka, ainsi que des magasins de jouets BR. Pour l’instant, aucune autre chaîne de distribution en Europe n’a suivi l’exemple de Salling Group.
Ce qui n’empêche pas le mouvement de prendre de l’ampleur sur les réseaux sociaux comme Reddit et Facebook. Des applications telles que “Buy European” et des sites web comme “Go European” ont été développés pour aider les consommateurs à trouver des alternatives européennes aux produits et services américains. L’initiateur du site “Go European” affirme sur Reddit qu’il travaille avec une équipe de trente bénévoles pour améliorer la plateforme, qui enregistre actuellement 20 000 visites quotidiennes.
Conséquences involontaires
Les applications et sites web facilitant l’achat européen se concentrent principalement sur les grandes marques. Ainsi, l’alternative proposée au Coca-Cola est le Lëtz Cola luxembourgeois, tandis que pour le Fanta, c’est la marque belge de limonades Ritchie qui est mise en avant. Soit autant de produits souvent plus coûteux que les marques de distributeur des supermarchés.
D’après le récent Baromètre des Consommateurs de Test-Achats, de moins en moins de ménages rencontrent des difficultés financières. Toutefois, un quart d’entre eux considèrent encore l’alimentation comme un poste de dépenses contraignant ou financièrement difficile.
Coca-Cola est bien entendu une marque américaine emblématique, mais elle possède aussi des implantations en Belgique. Ainsi, les bouteilles destinées au marché belge sont remplies à l’usine de Gand, tandis que l’eau de source Chaudfontaine est mise en bouteille directement sur place. Une approche européenne trop extrême pourrait donc avoir des conséquences négatives involontaires, notamment sur l’emploi chez nous. Car quelle est la véritable origine d’un produit ou d’un service américain ? Bien souvent, un produit américain a aussi une part européenne dans son processus.
