Le président américain disait qu’on le jugerait aux guerres qu’il ne ferait pas, mais il est bien venu en appui à Israël pour détruire les sites nucléaires iraniens. En restera-t-il là? Franchira-t-on un cap dommageable pour la paix et l’économie mondiale? Le détroit d’Ormuz au coeur de toutes les menaces.
Donald Trump a été élu président américain sur la promesse de l’America First et déclaré qu’on le jugerait sur les guerres qu’il n’a pas entamées. Dans la nuit de samedi à dimanche, il a décidé d’endosser seul le costume de chef militaire en frappant l’Iran. Comme s’il lui fallait prouver à nouveau que les Etats-Unis dominent le monde.
Seul, parce que le Congrès, généralement associé à des décisions de cette nature, a été laissé de côté. Seul, parce qu’il a engagé l’armée américaine après avoir joué plusieurs jours sur l’ambiguïté stratégique en n’informant ses alliés, britanniques notamment, qu’en toute dernière minute.
Il ne s’agirait que d’une guerre “furtive”, avec une série de frappes uniques. Les Etats-Unis ne devraient plus intervenir, sauf si l’Iran s’en prend à ses intérêts dans la région. Le conditionnel reste évidemment de vigueur.
Des “dégâts monumentaux”, mais…
Seuls, il est vrai, les Etats-Unis disposaient de bombes suffisamment puissantes pour percer les bunkers abritant les sites nucléaires iraniens. Pas moins de quatorze GBU-57 ont été nécessaires pour arriver à l’objectif assigné: détruire le programme nucléaire iranien.
Les Etats-Unis ont infligé des “dégâts monumentaux’ aux sites nucléaires iraniens qu’ils ont bombardés, a affirmé, dimanche soir, Donald Trump. “Destruction totale est l’expression qui convient”, a ajouté le président américain, déclarant que “les dégâts les plus importants ont été causés bien en dessous du niveau du sol”.
Des images de camions quittant les sites quelques jours auparavant sèment cependant le doute sur la capacité iranienne à avoir caché des éléments majeurs de son programme. C’est la première question relative à l’impact de la guerre “furtive” américaine.
La menace du détroit d’Ormuz
La première riposte de l’Iran, après les frappes américaines, a consisté en des envois de missiles… sur Israël. Les dizaines de milliers de militaires américains basés dans la région seront-ils pris pour cible?
Les autorités religieuses iraniennes évoquent également une “djihad globale”, un appel à la guerre sainte évoqué de la même manière par les Frères musulmans, mais quelle pourrait en être la forme? Du terrorisme?
Une réunion est également prévue entre Moscou et Téhéran, mais l’allié russe pourra-t-il aller au-delà de la condamnation verbale? Même chose pour Pékin. Le monde tremble, mais chacun se retient.
La principale menace qui pourrait impacter l’économie mondiale concerne le détroit d’Ormuz. Le parlement iranien a déjà voté en faveur de mesures pour le bloquer.
Le détroit d’Ormuz est une zone stratégique par laquelle transite du pétrole et du gaz destinés à de nombreux pays, dont la Chine. Il est emprunté par des navires provenant d’Arabie saoudite, d’Irak, du Koweït, des Émirats arabes unis et d’Iran. En 2024, 16,5 millions de barils de pétrole avaient circulé par cet étroit passage.
Ce serait, pour l’Iran, la riposte finale qui aurait, en retour, des effets importants sur sa propre économie. Ce serait, aussi, un acte de guerre qui risquerait d’impliquer davantage encore les Etats-Unis dans la guerre.
Donald Trump sera-t-il entraîné malgré lui dans une offensive longue? Le changement de régime à Téhéran sera-t-il au menu?
Une ère d’incertitudes s’ouvre. Une nouvelle.