Depuis l’arrivée au pouvoir de l’économiste à la tronçonneuse, Javier Milei fin 2023, l’Argentine oscille entre promesses de redressement et chocs brutaux.
Aujourd’hui, la chute est dure : la Bourse de Buenos Aires s’est effondrée et plus personne ne veut acheter de la dette argentine. L’avenir du pays repose sur un plan d’aide des États-Unis (en échange de quelles concessions, on ignore encore), qui devrait être négocié ces heures-ci entre Javier Milei et le secrétaire américain au Trésor, Scott Bessent, sous le regard protecteur de Donald Trump.
Un excédent budgétaire
Comment en est-on arrivé là ? Quand Javier Milei, l’économiste libertarien, arrive au pouvoir en décembre 2023, l’Argentine est sur les rotules. L’inflation frôle les 300 % par an et le peso a perdu, par rapport au dollar, 99 % de sa valeur en dix ans. On veut croire que le nouveau président remettra les choses en place en sabrant dans le budget de l’État et en laissant le marché faire son travail.
Et en 2024, pour la première fois en plus d’une décennie, le pays affiche un excédent budgétaire de 1,72 milliard de dollars. Les marchés applaudissent, l’inflation retombe à un « modeste » 30-34 % annuel. Mais pendant ce temps, la pauvreté explose : près de 53% des Argentins vivent en dessous du seuil de pauvreté.
Suivi d’un flop crypto
C’est alors que Javier Milei tente un coup de poker crypto, avec l’aide de la plateforme Solana et de financiers américains plus ou moins liés aux activités crypto de Donald Trump. L’idée est de lancer un « jeton numérique », et avec cet argent de soutenir les start-up et les entreprises argentines.
A la mi-février, la crypto, $LIBRA, est vendue à des investisseurs, dont un bon nombre d’Argentins voulant profiter d’un gain rapide. Mais comme souvent dans le domaine crypto, les promoteurs, qui avaient conservé une partie des jetons pour eux, profitent du cours élevé pour s’en défaire. Le soufflé retombe en quelques heures, et la capitalisation du $LIBRA se dégonfle de 4,4 milliards de dollars pour tomber à quelques dizaines de millions, laissant dans le fossé de nombreux épargnants argentins trop crédules.
Cette aventure va laisser des traces. Des plaintes pour fraude pleuvent, et Javier Milei lui-même subit des poursuites judiciaires. Mais surtout, ce flop crypto détruit la confiance des marchés dans la dette argentine et dans le peso.
Manipulation du peso
Le Fonds monétaire international (FMI) est obligé de jouer les pompiers. Il débloque, en avril, un prêt de 20 milliards de dollars, dont 12 milliards immédiatement disponibles. Le peso doit alors flotter librement. Pour empêcher son effondrement, la Banque d’Argentine tente de manipuler le marché des changes, en injectant une partie de ses réserves en devises. Elle qui disposait de 20 milliards de dollars de réserves, en injecte, au mois d’août, 1,1 milliard en seulement trois jours.
Cela se sait, et la défiance repart de plus belle. Cela ne calme pas l’inflation qui reste à 34% par an. Et ces derniers jours, la panique se propage au marché obligataire et à la bourse.
Rencontre à New York
Voilà pourquoi l’administration Trump, ce 22 septembre, a proposé un « sauvetage » via des lignes de crédit de 5 à 10 milliards de dollars et des achats de la dette argentine.
En marge de l’Assemblée générale de l’ONU, à New York, Donald Trump et Scott Bessent ont rencontré dimanche Javier Milei pour mettre au point les détails de ce sauvetage. Une rencontre que le Président américain a commentée en disant : « le président Milei est un grand leader. Il a sorti l’Argentine de l’oubli ». On ignore si la phrase était ironique.