Ce sera bien 15% pour l’Union européenne, davantage pour d’autres pays. Mais ce n’est pas fini: le président américain continue à utiliser la menace de guerre commerciale comme une arme de pression. C’est un changement de paradigme durable. Pour le meilleur ou surtout pour le pire.
Donald Trump fanfaronne, sur son réseau social: “Des milliards de dollars, provenant en grande partie de pays qui ont profité des États-Unis en se frottant les mains, vont commencer à affluer aux États-Unis”.
Le président américain a gagné la première partie de son bras de fer en imposant des droits de douane démesurés au monde entier, pour forcer des négociations générant une issue qui lui est favorable.
Ces surtaxes se situent dans une fourchette comprise entre 15% et 41%. L’Union européenne (UE), le Japon ou la Corée du Sud, qui comptent parmi les principaux partenaires commerciaux des États-Unis, sont désormais concernés par un taux d’au moins 15%. Seuls sept accords ont toutefois été finalisés à ce stade.
En Europe, les analystes ont déploré une “capitulation en rase campagne”. Certains pays, comme la Suisse, vont souffrir davantage encore avec un taux de 39% qui risque de faire perdre 0,6% de PIB à l’économie et forcer la délocalisation de nombreuses entreprises.
Soulagement et menaces
Le caractère imprévisible de Donald Trump explique sans doute la raison pour laquelle la présidente de la Commission européenne, Ursula Von der Leyen, s’est déclarée satisfaite de l’accord, tandis que de nombreux responsables politiques et économiques ont exprimé leur soulagement.
Avec 15%, les Européens ont perdu leur bras de fer, mais leurs entreprises pourront encore tenter de répercuter la surtaxe sur leurs prix.
Cela dit, l’incertitude demeure et elle est là pour durer.
De nouvelles annonces devraient en effet suivre, puisque le locataire de la Maison Blanche souhaite également taxer les produits pharmaceutiques et les semi-conducteurs importés. Ces derniers, ainsi que les puces, devraient se voir appliquer une taxe de 100%, a-t-il encore précisé mercredi, sans plus de détails.
Si l’Union européenne ne respecte pas son engagement d’investir 600 milliards dans l’économie américaine – un “don”, selon lui -, il a menacé de porter les droits à 35%.
C’est dire combien nous entrons dans une nouvelle ère où la guerre commerciale sera constamment brandie comme une arme par la Maison Blanche. On vient encore de le voir avec l’Inde, frappée de tarifs de 25% en raison de sa volonté de continuer à acheter du pétrole russe.
Aux Etats-Unis aussi, l’inquiétude est grande. L’impact des droits de douane continue d’inquiéter les économistes, qui les voient peser aux États-Unis sur l’inflation, en hausse en juin à 2,6%, avec le risque de voir la croissance ralentir, les analystes s’attendant à ce qu’elle ne dépasse pas 1% en rythme annualisé sur le second semestre.