L’ère du capitalisme Téflon, qui résiste à tout

Donald Trump, ce 3 août.
Olivier Mouton
Olivier Mouton Chef news

Alors que les crises se multiplient et se succèdent à un rythme effréné, l’économie persiste à croître, avec une “norme” mondiale de 3%.  C’est ce que The Economist appelle le “capitalisme Téflon”, arguments à la clé. Et c’est ce que le FMI confirme prudemment, en raison des droits de douane imposés par Donald Trump.

Les crises qui se succèdent à un rythme soutenu, de chocs économiques en guerres régionales ? Même pas peur… Depuis une petite vingtaine d’années, l’économie est devenue résiliente et s’adapte au chaos.

C’est ce que l’hebdomadaire britannique The Economist a appelé fin juillet le “capitalisme Téflon”, du nom de ce matériau antiadhésif qui résiste à tout… ou presque.

Depuis 2011, la croissance a été de 3% par an, souligne l’hebdomadaire. Pendant le pire moment de la crise de l’euro en 2012? Autour de 3%. En 2016 avec le Brexit et la première élection de Donald Trump, ou quand la Russie a envahi l’Ukraine en 2022 ? Encore 3%.”

La seule exception fut la pandémie de Covid, avec une chute due à l’arrêt de nombreuses activités. Mais cela n’a pas duré.

Encore 3%

Les droits de douane annoncés par Donald Trump en cette fin juillet? Même pas peur.

Le FMI a annoncé à la fin du mois qu’il revoyait à la hausse ses prévisions de croissance mondiale pour 2025 et 2026. Devinez? Autour des 3%.

La hausse serait de 3% en 2025 et de 3,1% en 2026, soutenue par l’activité chinoise qui reste dynamique et la résilience américaine grâce aux stocks faits par les entreprises.

Les droits de douane? “Même si le choc commercial pourrait finalement être moins brutal qu’on ne l’avait redouté, il demeure conséquent”, soulignait Pierre-Olivier Gourinchas, chef économiste du FMI, en présentant les chiffres.

Cela coûterait autour de 0,2%…

Les sources de la résilience

Si le “capitalisme Téflon” résiste si bien, c’est notamment dû à des entreprises globalisées qui peuvent jongler avec ces chocs.

Trois éléments au moins expliquent cette résilience.

Premièrement, les chaînes d’approvisionnement sont solides et s’adaptent avec agilité, une grande diversité de flux permettent de réguler les difficultés.

Deuxièmement, une autre diversification s’avère judicieuse, imposée par le défi climatique : les sources d’énergie se multiplient. La dépendance aux chocs pétroliers est moindre qu’auparavant.

Enfin, le système financier est plus solide, notamment en ce qui concerne les économies émergentes, moins susceptibles de s’écrouler d’une pièce.

Ne rêvons toutefois pas. L’économie peut toujours s’effondrer, particulièrement en raison de taux d’intérêts trop élevés accroissant le poids des dettes de façon démesurée ou un choc géopolitique d’une telle ampleur qui emporterair les résistances.

The Economist rappelle toutefois qu’au lendemain du déclenchement de la Seconde guerre mondiale, les marchés avaient continué à croître, comme si de rien n’était.

Dernière précision, importante : le Téflon a vu sa réputation ternie en raison d’informations révélant sa toxicité à très haute température. Et si c’était, là aussi, une métaphore pour le capitalisme de notre époque.

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