Le rouble russe au plus bas depuis mars 2022
Les dernières sanctions américaines contre Gazprombank font mal.
Jamais depuis mars 2022 et les premiers jours de l’invasion de l’Ukraine, le rouble russe n’a valu si peu. Ces dernières heures, il fallait plus de 110 roubles pour avoir un dollar ou un euro. Officiellement, le ministre russe des Finances Anton Silouanov n’y voit rien de mal : « le taux de change actuel est très, très favorable aux exportateurs », dit-il. Interrogé sur la plongée du rouble, le porte-parole de Vladimir Poutine, Dmitri Peskov, a déclaré que la hausse du dollar « n’affecte pas les Russes qui reçoivent des salaires en roubles ». Une affirmation étonnante pour des Russes qui ont vu le prix de certains produits alimentaires de base, comme le beurre, doubler en un an.
Inflation de 8,5%
Dans les faits, cette dégringolade signifie surtout que plus personne ne veut de la monnaie russe, même en Chine ou en Inde (ou la parité du rouble vis-à-vis du yuan renminbi ou de la roupie indienne subit le même choc). Les exportateurs russes ne savent d’ailleurs comment faire pour que leurs clients acceptent encore leurs produits (certains se mettent au troc plutôt qu’au paiement en devise). Et cette plongée du rouble fait que l’économie russe, qui ne peut vivre en autarcie, voit les prix des produits importés s’envoler. L’inflation en Russie atteint en effet officiellement 8,5%, et pour la combattre, la Banque de Russie a porté ses taux à 21%, laissant craindre une vague de faillites et de réduction d’activités l’an prochain.
Ce choc sur la devise est la conséquence directe des dernières sanctions américaines prises la semaine dernière. Le 21 novembre, le département américain du Trésor a inclus dans le champ des sanctions financières décidées par le G7 15 responsables financiers russes et une cinquantaine de banques russes ayant des liens internationaux, dont l’importante GazpromBank, bras financier du géant gazier Gazprom. Ces institutions échappaient encore aux sanctions.
Gazprombank
Gazprombank est l’établissement par lequel passait le paiement des livraisons de gaz aux pays étrangers, notamment aux pays qui, comme l’Autriche ou la Hongrie, utilisent encore le gaz russe. Mais l’Ukraine, qui était tenue jusqu’à présent par des clauses contraignantes, ne reconduira pas le contrat qui fait transiter le gaz russe par son territoire jusqu’à la fin de l’année.
Les livraisons russes de gaz naturel passant par voie terrestre vont se réduire énormément, car les autres gazoducs reliant la Russie à l’Europe, Nord Stream 1 et 2 et Yamal Europe passant par la Biélorussie et la Pologne sont déjà fermés.
Dégrader la machine de guerre russe
« Les sanctions prises à l’encontre de la plus grande banque russe encore non désignée, ainsi que de dizaines d’autres institutions financières et de responsables russes, vont encore réduire et dégrader la machine de guerre de la Russie. Grâce à cette action d’envergure, il sera plus difficile pour le Kremlin d’échapper aux sanctions américaines et de financer et d’équiper son armée », estime Janet Yellen, encore secrétaire d’État au Trésor jusqu’à l’arrivée de Donald Trump à la Maison Blanche.
Par la suite, on peut imaginer que le nouveau locataire de la Maison Blanche, qui veut mettre fin au conflit, aura une approche plus douce à l’égard du régime de Vladimir Poutine. Elon Musk, son Vice-président de facto des Etats-Unis, a déclaré vouloir créer une usine Tesla en Russie.
La valeur du dollar en rouble depuis 5 ans
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