Le plaidoyer inédit du roi Philippe au parlement européen pour l’Ukraine et la réindustrialisation
Notre roi porte décidement son rôle au-delà des limites habituelles. Dans le cadre de la présidence belge de l’Union, il a porté haut le projet européen devant les députés et appelé à “prendre notre destin économique en mains”. Seul Baudouin avait déjà pris la parole de la sorte.
Le roi Philippe aime son rôle et souhaite plus que jamais incarner la Belgique, symboliquement, dans les moments importants. Il avait déjà été le premier roi des Belges à s’exprimer devant l’assemblée générale des Nations unies: c’était en avril 2018 et cela avait pour objectif de soutenir implicitement la candidature belge pour un siège de membre non permanent du Conseil de sécurité des Nations unies. A l’époque, certains avaient fait remarquer qu’il s’écartait, ce faisant, de son rôle purement protocolaire.
Ce mercredi 10 avril, le roi Philippe s’est exprimé devant les parlementaires européens, à l’occasion de la présidence belge de l’Union européenne. Le roi des Belges devant une assemblée politiquement de plus en plus active, voilà qui a de quoi surprendre. Seul le roi Baudouin, son modèle, avait déjà eu cet honner en 1987 – et le contexte était alors tout autre. Rappelons, tout de même, que chaque expression publique du roi doit être couverte par le gouvernement.
Un plaidoyer très européen
Le roi Philippe a endossé fortement le projet européen dans cet hémicycle qui l’incarne. “La foi en l’Europe est inscrite dans nos gènes, a-t-il dit. Ce lien intime avec l’Europe, je le ressens personnellement. Non seulement à titre de chef d’Etat et de Belge, mais également en tant qu’individu. L’arbre généalogique de ma famille illustre les liens historiques étroits qui unissent les différentes nations européennes.”
S’identifiant à ce projet, parlant de “nous Européens”, Philippe estime que ce projet doit être une source d’espoir en ces temps difficiles: “Nous voulons placer notre mandat à la présidence du Conseil sous le signe de l’espoir. En ces temps de guerre, d’incertitude et de malaise social, l’Europe et le monde ont plus que jamais besoin d’espérer.”
Le Roi évoque également le défi de l’élargissement, dont les balises doivent être fixées par la présidence belge. Mais il respecte la philosophie prônée par le Premier ministre, Alexander De Croo: “Elargir l’Union suppose également de la renforcer.” Européen fervent, il ne doit pas aller plus vite que la musique.
Concernant la guerre revenue sur le sol européen, le Roi en fait un mission. “La guerre en Ukraine, c’est aussi notre combat. Un combat pour la défense de notre sécurité, et de nos valeurs. Nous ressentons que la menace pèse sur nous aussi. (…) Plus que jamais, nous sommes appelés à défendre nos valeurs de façon cohérente, dans l’Union comme à l’extérieur. La défense de la démocratie ou de nos libertés devrait aller de soi.”
“Prendre notre destin économique en mains”
Le Roi a également mis un accent fort sur l’économie européenne. « Le marché unique de Jacques Delors n’est pas encore suffisamment unifié, qu’il s’agisse de la gouvernance économique, du marché des capitaux, ou encore de la recherche et l’innovation, souligne-t-il. Les entreprises peuvent encore mieux collaborer, en particulier dans le domaine des nouvelles technologies. (…) Œuvrons ensemble à une véritable réindustrialisation européenne, axée sur les révolutions verte et numérique. »
Tenant compte des plaintes exprimées par les agriculteurs, mais aussi par les industriels, il ajoute : « Il s’agira à la fois d’œuvrer pour des marchés ouverts et d’assurer l’équité dans nos importations ». « En tout état de cause », conclut-il, « nous devons davantage prendre les rênes en main de notre destin économique. »
Voilà un Roi qui marche certes dans les pas de son gouvernement actuel, mais qui ne garde pas sa langue en poche.
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