La proposition de trêve en Ukraine, un traquenard pour la Russie


Le président russe, Vladimir Poutine, gagne du temps avant de se prononcer sur la proposition de trêve militaire soumise par Washington et acceptée par l’Ukraine. La dynamique pourrait-elle s’inverser? Donald Trump pourrait-il faire volte-face? Le président Zelensy reste prudent, mais espère des “mesures fortes” en cas de refus. Mais Moscou garde bien des cartes en mains. Un poker menteur.
Et si la post-vérité se heurtait de façon crue à la vérité? On peut toujours rêver. La dynamique pourrait changer après la proposition d’une trêve militaire et d’un chemin vers la paix acceptés par l’Ukraine lors des discussions en Arabie Saoudite avec les États-Unis.
La balle est dans le camp de la Russie. Le président Vladimir Poutine tarde à répondre à la proposition américaine, d’autant que son armée regagne le terrain perdu dans la région de Koursk, après l’incursion ukrainienne. On l’a d’ailleurs vu mardi en une tenue militaire inhabituelle pour évoquer cette situation.
La vérité, crue? L’Ukraine est ouverte à la paix, la Russie n’y a pas d’intérêt immédiat, tant elle est en position de force. Comme un rappel opportun au président américain, Donald Trump, d’une évidence: l’Ukraine est le pays agressé, la Russie le pays agresseur.
Le locataire de la Maison-Blanche avait feint (?) jusqu’ici de l’ignorer.
Des “mesures fortes”
Depuis le clash frontal et l’humiliation subis dans le Bureau ovale, le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, reste prudent. Il remercie Donald Trump plus souvent qu’à son tour et, en guise d’ironie, des militaires ukrainiens ont multiplié des vidéos avec une des pancartes remerciant les États-Unis, ces derniers jours.
Pour le reste, Zelensky la joue “profile bas”, se contenant de rappeler que c’est “à la Russie de répondre” sur cette proposition de trêve et qu’il ne lui fait “pas confiance”. Il espère aussi que des “mesures fortes” pourraient être prises en cas de refus.
Donald Trump a plusieurs cartes en main, qui marqueraient un tournant à 180° dans son approche du conflit. Il a menacé Moscou de “sanctions”, mais pourrait aussi renforcer l’aide militaire à l’Ukraine après l’avoir suspendue, puis rétablie, ou jouer sur la production de pétrole en produisant davantage pour assécher l’économie russe.
Bref, cette proposition de trêve a tout l’air d’un traquenard pour la Russie.
Un émissaire bienveillant
Prudence, toutefois. L’envoyé spécial du président américain, Steve Witkoff, est attendu à Moscou. En charge du dossier, il doit présenter la proposition de trêve… négociée par le secrétaire d’État Marco Rubio, en son absence.
Steve Witkoff avait déjà rencontré longuement Vladimir Poutine, trois heures durant le 11 février, et sa sensibilité penche vers ce camp. Magnat de l’immobilier, il illustre toute la diplomatie “transactionnelle” des États-Unis.
Par ailleurs, Vladimir Poutine est un dirigeant rusé qui tient de nombreuses cartes en main et sait jongler avec les faits comme quiconque. Sortira-t-il du traquenard en gagnant du temps ou en professant de nouvelles contre-vérités?
L’influent sénateur Konstantin Kossatchiov a déjà insisté: “Tout accord – en comprenant la nécessité d’un compromis – sera conclu à nos conditions, et non à celles des Américains“.
Plus que jamais, l’avenir de la paix se joue au poker menteur. Et une cessation réelle des hostilités semble lointaine, car même en cas d’acceptation d’une trêve, il semble écrit qu’elle sera très fragile.
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