La France prise entre crise politique et budgétaire
La France, qui fait l’objet d’une procédure pour déficit excessif de la part de l’Europe, doit remettre sa trajectoire budgétaire fin du mois. Mais comment préparer un plan sans gouvernement ?
C’est un problème auquel la Belgique est relativement habituée : comment gérer un budget problématique alors que le pays n’a pas de gouvernement ? Mais en France, on semble moins aguerri face à une telle situation, et l’on commence à s’inquiéter.
Impasse politique
Depuis deux mois, la France navigue en effet avec un gouvernement démissionnaire. Aucun des trois grands groupes – extrême droite, centre-droit et gauche – n’a réussi à décrocher la majorité. Certes, le Nouveau Front Populaire se déclare vainqueur et sa composante la plus extrême, La France Insoumise (LFI) a déposé hier mardi 3 septembre une proposition de résolution à l’Assemblée nationale pour destituer le Président Emmanuel Macron, qui, dans la constitution française, est le maître des horloges (c’est lui qui a toute latitude de nommer un Premier ministre après les élections législatives), mais elle a bien peu de chance d’aboutir, car pour passer, elle doit réunir les deux tiers des parlementaires.
Entre-temps, le Président français multiplie les contacts, avec d’anciens présidents comme François Hollande ou Nicolas Sarkozy, et avec des premiers ministrables : le Républicain président de la région des Hauts-de-France Xavier Bertrand, l’ancien socialiste Bernard Cazeneuve ou un technocrate comme Thierry Beaudet, qui préside le Conseil économique, social et environnemental.
Jusqu’ici, aucun nom ne sort du chapeau, car ils sont tous retoqués dès le départ par le NFP et le RN, et ils n’ont donc aucune chance de résister à un vote à l’assemblée.
Déficit excessif
Cette situation commence à énerver au niveau européen , car entre-temps, la procédure pour déficit excessif qui a été enclenchée contre la France suit son cours. Pour rentrer dans les clous, la France devrait réaliser après quatre ans 100 milliards d’euros d’économies, soit en réduction des dépenses, soit en nouveaux impôts. Nos confrères du journal français Les Echos ont pu voir une note réalisée cet été par la direction générale du Trésor français qui indique que si rien n’est fait, le dérapage risque de s’accentuer : le document indique que le déficit « risque à nouveau de dériver, d’abord à -5,6 % cette année (contre -5,1 % attendus) puis encore à -6,2 % l’an prochain si aucune mesure corrective n’est prise », souligne le journal.
Pour respecter les règles européennes, la France devrait réaliser une trentaine de milliards d’économies (soit 0,7% du PIB) dès l’an prochain, pour monter en puissance et atteindre donc 100 milliards en 2028. Cet effort sur quatre ans pourrait être dilué sur sept ans dans certaines conditions.
Mais aujourd’hui, sans véritable gouvernement, la France peut difficilement préparer et présenter un plan budgétaire sérieux. Or, « l’heure tourne », écrit le site Politico. La France a en effet moins de trois semaines avant la date limite fixée par l’Union européenne pour envoyer à Bruxelles ses propositions de réduction des dépenses publiques (ou augmentation des recettes) pour les années à venir.
Si cela peut consoler à Paris, nous sommes, à Bruxelles, à peu près dans la même situation, puisque le prochain gouvernement doit lui aussi présenter à l’Europe un plan substantiel d’économie. Mais au moins, nous avons déjà des « super notes » qui circulent.
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