La France, moteur de l’Europe, tentée par l’extrême droite et menacée de “ruine”

©PHOTO PIERRE ROUANET LA VOIX DU NORD
Olivier Mouton
Olivier Mouton Chef news

La dissolution de l’assemblée nationale décidée par Emmanuel Macron place le camp présidentiel dans une situation délicate. Eric Ciotti (Républicains) s’associe au RN et suscite un tollé. L’extrême droite aux portes du pouvoir. Avec un programme économique flou, dénoncé par Gabriel Attal.

Gabriel Attal, Premier ministre français, est réapparu mardi soir sur TF1, l’air abattu, pour tenter de mobiliser les troupes. “La dissolution de l’Assemblée nationale est une décision lourde“, a-t-il convenu, en respectant le choix du président, Emmanuel Macron. En coulisses, il l’aurait même qualifiée de “brutale”. Mais il sera bien le “chef de la majorité” durant la campagne et a ciblé violemment ses adversaires.

Lui, comme d’autres, plaidaient pour d’autres options. Mais voilà la France, notre pays voisin et moteur de l’Europe, en plein chaos alors que les électeurs se préparent à un scrutin législatif décisif les 30 juin et 7 juillet. Depuis l’annonce-surprise de Macron, dimanche soir, les recompositions politiques vont bon train, mais le Rassemblement National de Marine Le Pen est crédité de 35% dans les intentions de vote, deux fois le score de la majorité présidentielle. Un retard quasi impossible à réserver, disent les analystes.

Bardella Premier et menace de “ruine”

Si les sondages se confirment, Jordan Bardella, tête de liste RN aux européennes et candidat désigné pour Matignon, pourrait devenir Premier ministre dans une cohabitation inédite et historique. Il serait à la tête du gouvernement de la République pour les Jeux olympiques de Paris!

Dans tous les médias, on ne parle plus que de cela: le Rassemblement National est-il en mesure de gouverner, a-t-il réellement changé et quelle politique économique mènera-t-il? Les édiles du RN défilent pour souligner leur volonté de “revaloriser le pouvoir d’achat des Français”, sans donner trop de détails.

Gabriel Attal sonne la charge: “son programme économique, avec 100 milliards de dépenses, mènera le paus à la ruine”. D’ailleurs, les marchés s’inquiètent et les agences de notation se préparent à tirer la sonnette d’alarme.

La “trahison républicaine”

Dans ce contexte bousculé, Eric Ciotti, président des Républicains, a pris tout le monde de court en annonçant un accord entre le parti hértier du RPR et le Rassemblement National. Cela concerne des dizaines de députés”, ajoute Jordan Bardella.

L’annonce a suscité une déflagration à droite. Xavier Bertrand, président Républicain des Hauts-de-France, parle de trahison”, de “collaboration” et réclame la démission d’Eric Ciotti. Michel Barnier, figure historique du gaullisme, estime qu’Eric Ciotti n’a plus la “légitimité” de présider le parti. “La politique, cela peut rendre fou et on vient de le voir en direct”, charge Jean-François Copé. Mais que restera-t-il de la droite républicaine?

A gauche, un autre bloc se constitue avec socialistes et écologistes qui rejoignent la France Insoumise dans un Front Populaire. “C’est le choix du chaos”, dénonce Gabriel Attal. Le risque est existentiel: les Français pourraient se retrouver avec une majorité de confrontations au deuxième tour entre les deux blocs.

Macron lui-même menacé

“J’y vais pour gagner!”, lançait mardi au Figaro un Emmanuel Macron déterminé. Il s’exprimera ce mercredi et régulièrement au cours de la campagne. Marine Le Pen ironisait en début de semaine; “Chaque fois qu’il parle, on gagne des points”.

Le contexte a changé, il est vrai, et le vote de protestation appuie un soutien d’adhésion au RN. Si l’extrême droite n’obtenait pas la majorité début juillet, un autre risque existe: avoir une France ingouvernable et une situation où… Emmanuel Macron serait lui-même contraint de démissionner.

La séquence est préoccupante, pour la France et pour l’Europe.

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