Après des semaines de paralysie administrative, les négociations entre la Maison-Blanche et le Congrès laissent entrevoir un compromis budgétaire. Mais les fractures politiques restent béantes.
Les États-Unis semblent enfin en voie de sortir du plus long shutdown de leur histoire. Après plus d’un mois de blocage, les discussions entre la Maison-Blanche et les dirigeants du Congrès progressent, dans un climat de lassitude et de tension économique.
Le texte en préparation permettrait de financer à nouveau les administrations fédérales, paralysées depuis plus de quarante jours. Des centaines de milliers de fonctionnaires ont été mis au chômage technique, tandis que les services publics — du contrôle aérien à la sécurité alimentaire — tournent au ralenti. Selon plusieurs estimations, le coût de la fermeture dépasserait les 5 milliards de dollars, sans compter les effets indirects sur la croissance : 0,4% du PIB, selon les estimations.
Un bras de fer politique
À l’origine du blocage, un désaccord profond sur le financement des priorités présidentielles. Le président Donald Trump exigeait que le budget intègre de nouvelles coupes massives dans les programmes sociaux et migratoires, ainsi que la poursuite de ses mesures fiscales. Les Démocrates refusaient un texte qu’ils jugeaient idéologique et budgétairement risqué.
Après plusieurs échecs de vote, les deux camps ont négocié un accord au Sénat. Si les contours précis de l’accord ne sont pas encore publics, il s’agirait d’un texte temporaire, garantissant la réouverture des administrations pour une durée limitée, le temps de négocier un budget complet.
Les députés américains doivent désormais donner le feu vert à cette proposition. “On dirait qu’on s’approche de la fin du shutdown“
, a annoncé, dimanche 9 novembre, Donald Trump.
Un pays à bout de patience
La population américaine, elle, commence à perdre patience. Des manifestations ont été organisées devant plusieurs bureaux fédéraux. Les retards s’accumulent dans les remboursements d’impôts, et les files s’allongent dans les aéroports. « C’est le citoyen ordinaire qui paie les conséquences de ce bras de fer », résume un analyste du Washington Post. 42 millions d’Américains comptent sur l’aide alimentaire de l’Etat fédéral.
Les marchés financiers ont également montré des signes d’inquiétude. Les agences de notation, dont Moody’s et Fitch, ont averti que la persistance du blocage pourrait peser sur la crédibilité budgétaire du pays.
Un compromis précaire
Si la fin du shutdown semble proche, la confiance, elle, reste absente. Le Congrès demeure profondément divisé, et le climat politique polarisé. L’accord attendu n’effacera pas les fractures, il les suspendra temporairement.
Comme lors des précédents épisodes de paralysie budgétaire, le scénario se répète : une crise institutionnelle évitée de justesse, au prix d’un affaiblissement supplémentaire de la gouvernance américaine.
La réouverture des administrations pourrait intervenir dans les prochains jours. Mais, à Washington, personne ne se fait d’illusion : la trêve sera courte, et la bataille budgétaire reprendra dès le prochain vote.