La croissance économique en berne au Royaume-Uni
Quelle croissance attendre de l’économie au Royaume-Uni en 2025? Si les conditions semblent favorables, les résultats restent incertains.
L’économie britannique ne trouve plus d’excuse pour justifier ses piètres performances. La croissance au Royaume-Uni a été anémique pendant plus d’une décennie. Le chaos politique qui a suivi le référendum sur le Brexit de 2016 n’a forcément pas aidé. Le covid et les confinements ont étouffé la croissance, tout comme la flambée des prix de l’énergie en 2022. Ainsi que la hausse des taux d’intérêt due à l’inflation galopante.
Aujourd’hui, tout ce tumulte appartient au passé. L’inflation est proche de son objectif de 2 %. La croissance a repris en 2024 et les prévisions sont devenues progressivement plus optimistes.
Le Royaume-Uni peut-il maintenir cette cadence en 2025 ? Le contexte semble favorable. Les taux d’intérêt baissent. La politique intérieure est légèrement plus calme. Les politiques du nouveau gouvernement travailliste ne sont pas parfaites. En effet, ses objectifs en matière de logement urbain manquent d’ambition. Reprendre les “lignes rouges” sur le Brexit du gouvernement précédent, un autre frein à la croissance, était une erreur. Mais de nombreuses politiques, notamment en matière d’infrastructures et de construction de logements, semblent prometteuses.
Le Parti travailliste a besoin d’une croissance forte pour augmenter les recettes fiscales et financer ses projets d’amélioration des services publics.
Politiques fiscales au Royaume-Uni
Cependant, le vent pourrait encore tourner sur un certain nombre de sujets. Le Parti travailliste a parfois montré un certain enthousiasme pour des politiques fiscales ciblant les plus riches. De telles politiques fiscales pourraient décourager les investisseurs. Un ralentissement mondial frapperait aussi durement une économie de taille moyenne et ouverte comme celle du Royaume-Uni. Les échanges commerciaux avec les États-Unis pourraient être affectés par le retour de Donald Trump, même si l’orientation du pays pour des exportations de services diminue probablement l’impact des droits de douane sur les biens manufacturés. Le scénario le plus inquiétant serait que tout se passe bien mais que la croissance ne se matérialise toujours pas.
Une donnée préoccupante est que la croissance de la productivité était également faible pendant la période plutôt calme située entre la crise financière mondiale de 2007-2009 et le vote du Brexit en 2016. La croissance globale du PIB semblait meilleure, mais elle était gonflée par un apport démographique dû à l’entrée des femmes et des immigrés sur le marché du travail.
Le Parti travailliste a besoin d’une croissance robuste pour augmenter les recettes fiscales et financer l’amélioration des services publics sans souscrire à un nouvel emprunt très important. Si l’Office for Budget Responsibility (OBR), qui contrôle l’évolution de la dette, abaissait ses estimations de la croissance tendancielle de la productivité au Royaume-Uni, le gouvernement perdrait des dizaines de milliards de livres d’espace fiscal pour emprunter. Les hypothèses de l’OBR sont néanmoins déjà plus optimistes que celles de la plupart des prévisionnistes; il faudrait beaucoup pour les relever, mais peu pour les abaisser. Pour remporter les élections de 2029, il faut que le Parti travailliste montre que des améliorations concrètes ont été réalisées dans le système de santé national (NHS), les transports, la police, les tribunaux, et bien plus encore. Car si la croissance reste en berne, il lui sera difficile d’atteindre ses objectifs.
Par Archie Hall, correspondant économique pour le Royaume-Uni de “The Economist”
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